La délinquance en légère hausse depuis la fin de l'année 2018

La délinquance a très légèrement augmenté ces derniers mois. - AFP
Entre les mois de janvier et mars, le nombre des cambriolages a augmenté de 5% en cumulé, celui des coups et blessures de 1% et celui des vols de véhicules de 3%. Depuis le début de l'année, certains indicateurs de la délinquance sont en légère hausse, selon la dernière note Interstats du ministère de l'Intérieur. Une tendance moins nette après une hausse nettement marquée en décembre dernier.
Sur-emploi des forces de l'ordre
Par rapport au premier trimestre de l'an dernier, les cambriolages n'augmentent que très légèrement, de 1,5%, atteignant le nombre de 60.415 cas déclarés depuis le début de l'année. En 2018, il y en avait eu plus de 235.000, soit près de 20.000 par mois. Idem pour les vols de véhicules et les vols dans les véhicules, en hausse de 2 et 5%. Les coups et blessures connaissent un rebond de 10,9%, passant à 61.181 faits en trois mois, contre un peu plus de 55.000 au premier trimestre 2018. Ces chiffres diffèrent de la tendance à la baisse qui était observée depuis 2017 pour la plupart des crimes et délits.
Dans un contexte social mouvementé depuis plusieurs mois, certains voient en cette légère hausse un effet Gilets jaunes. "C'est l'un des facteurs", estime Yves Lefebvre, secrétaire national du syndicat Unité SGP Police FO. Depuis le mois de novembre, les forces de l'ordre sont largement mobilisées pour sécuriser les manifestations chaque week-end. Au plus fort, 89.000 policiers et gendarmes étaient déployés le 8 décembre. A cela s'ajoute une multiplication des déplacements présidentiels et ministériels dans le cadre du grand débat.
"Lorsque les policiers sont mobilisés sur le maintien de l'ordre, ils ne peuvent pas faire des missions de terrain ou rechercher les réseaux de criminels, poursuit Yves Lefebvre. Ce sur-emploi des fonctionnaires a accentué la jachère en terme d'effectifs et de moyens dans laquelle la profession se trouvait déjà."
"Phénomène de cycles"
Pour autant, il est trop tôt pour établir un lien direct entre entre la charge de travail causée par la mobilisation des Gilets jaunes et la tendance à la hausse de la délinquance. "Aujourd’hui, on ne dispose ni du recul nécessaire, ni des éléments scientifiques, statistiques, rigoureux, qui nous permettraient d’étayer cette hypothèse et surtout que c’est la seule explication aux augmentations qu’on connaît ces derniers mois", analyse Christophe Soullez, responsable de l'observatoire national de la délinquance.
"La criminalité est un phénomène complexe. Il n’y a jamais qu’une seule explication qui peut être à l’origine de la hausse ou de la baisse de la délinquance", poursuit le spécialiste, qui estime qu'on pourra déterminer une tendance d'ici 6 à 8 mois.
Pour Christophe Soullez, la criminalité répond également à des cycles qui alternent entre les hausses et les baisses. Le nombre de cambriolages a d'ailleurs augmenté de plus de 16% à Paris l'an dernier. Elle répond aussi aux pratiques dans la police ou la gendarmerie mais aussi aux phénomènes de société. Pour exemple, le mouvement de libération de la parole sur les violences sexuelles avait entraîné une hausse en 2018 de près de 17% pour les plaintes pour viol et de 20% pour les agressions sexuelles, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.