L'infirmier agressé à Marseille: "c'est le quotidien de beaucoup de gens ici"

Blessé dimanche, l'infirmier a témoigné lundi sur notre antenne. - -
Il était environ 5h30, dimanche matin, quand Gérald a entendu une de ses collègues, agent administratif, "hurler". L'infirmier faisait une "pause" dans sa journée de travail aux urgences de l'hôpital de la Conception, à Marseille. Lundi, encore "choqué", il a accepté de livrer son témoignage de l'agression qui a suivi, par trois jeunes gens qui venaient de poignarder un ado de 18 ans. Ce dernier est mort des suites de ses blessures.
"Quand je suis arrivé, indique-t-il le visage dans l'ombre, ma collègue m'a dit: 'il y a des gens complètement fous derrière la porte, qui tapent et qui hurlent'. J'ai ouvert et se sont présentés trois jeunes, très agités. Ils avaient des plaies, entre autres à la main et au niveau du bas ventre. Ils voulaient savoir si c'était grave."
"Un coup de pied dans la porte"
Les trois jeunes gens quittaient une rixe, survenue devant une boîte de nuit dans le centre-ville de Marseille, près du Vieux-Port. Ils venaient de porter un coup de couteau dans le thorax d'un garçon de 18 ans, décédé lundi après-midi de ses blessures. Mais cela, Gérald ne le savait pas.
"J'ai essayé de les rassurer, mais j'ai dit à celui qui avait une plaie au bas-ventre qu'il devait voir un médecin, poursuit-il. Là, ils m'ont dit, très énervés: 'Tu nous as dit que ce n'était pas grave', et ils sont partis."
Gérald les a suivi "pour tenter de les raisonner", afin que le blessé soit examiné. Les trois jeunes gens sont alors revenus vers lui avec violence. Par prudence, l'infirmier a "fermé la porte de la salle d'attente". Mais ses agresseurs "ont donné un coup de pied dans la porte et j'ai reçu un coup sur le bras avec quelque chose de coupant."
"Des coups de couteau pour trois fois rien"
C'est après coup que Gérald a "pris conscience de la gravité de ce qui aurait pu se produire". Quand il a appris qu'un "petit jeune" avait également été poignardé. Mais pour lui, cette violence, c'est "le quotidien de beaucoup de Marseillais".
"On a peur de travailler aux urgences, confie-t-il. Je ne me sens pas en sécurité, je ne sens pas mes collègues en sécurité. Mais la violence, ce n'est pas seulement aux urgences. On voit des personnes âgées arriver aux urgences rouées de coups alors qu'elles marchaient dans la rue, ou des gens qui se sont pris des coups de couteau pour trois fois rien."