"L'image d'une vie facile": la patronne de l'Office antistupéfiants déplore le phénomène d'"ascension par le crime"

Au début du mois de juin, les autorités dénombraient déjà le triste bilan de 21 morts dans des règlements de comptes liés au trafic de stupéfiants depuis le début de l'année. Sur l'ensemble du territoire, c'était une augmentation de 60% de ces violences entre trafiquants qui était recensée.
Aujourd'hui, "les trafiquants sont prêts à utiliser des armes de guerre", constate ce jeudi matin sur RMC et BFMTV Stéphanie Cherbonnier, la patronne de l'office antistupéfiants (Ofast).
Créé en 2020, cet office vise "à faire en sorte que tous les acteurs qui luttent contre les trafics se partagent du renseignement". "Lutter contre les trafics, c’est lutter contre toute la criminalité connexe à ces trafics, les enlèvements, séquestrations, règlements de compte", explique la policière, qui constate "une augmentation de ces violences criminelles sur ces dernières années".
"Plus on est actif sur ces trafics de stupéfiants, plus on dérange leur activité" et plus il y a de lutte de pouvoir entre les trafiquants, poursuit la patronne de l'Ofast assurant que "les moyens ont été renforcés" pour lutter contre les trafics.
Travail de prévention
En France, ce sont "21.000 emplois" générés par le trafic de stupéfiants, ce sont "240.000 personnes qui vivent directement ou indirectement" de cette activité criminelle. "Aujourd’hui il y a une image positive du trafic de stupéfiant, de l’ascension par le crime", déplore Stéphanie Cherbonnier.
"Les individus ont l’impression que leur vie sera plus facile en travaillant de cette manière-là (...) mais les conséquences sont terribles, la violence entre les trafiquants est sans commune mesure", poursuit-elle.
La cheffe de l'Ofast estime qu'il faut "intervenir au plus tôt" pour éviter que des jeunes tombent dans ce trafic: "Cette guerre, ce n’est pas seulement le travail des forces de l’ordre, c'est un travail collectif. Chacun doit jouer un rôle, il y a un travail éducatif, il faut donner accès à certaines prestations auxquelles les jeunes des quartiers n’ont pas accès." D'autant que "les trafics de stupéfiants n’épargnent aucun territoire".
Ce travail est compliqué par des "organisations criminelles et déterminées" qui protègent leur chiffre d'affaires évalué à 3 milliards d'euros par an, qui sont prêtes à s'insérer dans la société par le blanchiment d'argent ou la corruption. "Toute la société peut être atteinte", prévient Stéphanie Cherbonnier qui appelle à un "devoir de prévention sur cette thématique".