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Police-Justice

L'idée de supprimer la Cour de justice critiquée à droite

La proposition de François Hollande de supprimer la Cour de justice de la République (CJR), juridiction d'exception réservée aux ministres, anime la campagne présidentielle en France sur le thème de l'orientation politique du système judiciaire. /Photo d'

La proposition de François Hollande de supprimer la Cour de justice de la République (CJR), juridiction d'exception réservée aux ministres, anime la campagne présidentielle en France sur le thème de l'orientation politique du système judiciaire. /Photo d' - -

PARIS (Reuters) - La proposition de François Hollande de supprimer la Cour de justice de la République (CJR), juridiction d'exception réservée aux...

PARIS (Reuters) - La proposition de François Hollande de supprimer la Cour de justice de la République (CJR), juridiction d'exception réservée aux ministres, a été critiquée mardi à droite, qui qualifie cette idée de "dérisoire".

L'idée, annoncée lundi soir, est défendue par le candidat socialiste à la présidentielle comme un symbole du retour à l'indépendance du système. Le fonctionnement de la CJR est critiqué, car ses procédures sont très longues, et sa composition inclut des parlementaires, ce qui jette un doute sur son impartialité.

"C'est une très mauvaise idée", a déclaré "à titre personnel" Henri Guaino, conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy.

"Je suis un républicain et je suis toujours violemment opposé à cette volonté qu'ont certains de détruire pas à pas toutes les institutions, tous les principes et toutes les valeurs de la République", a-t-il dit sur Europe 1.

Il a souligné que pour les actes ne relevant pas de leurs fonctions, les ministres relevaient déjà des tribunaux ordinaires, la CJR n'étant compétente que pour les actes liés à l'exercice de leurs attributions officielles.

"Ils incarnent l'Etat et donc ils ont une justice spécifique", a-t-il dit, ce qu'il voit comme normal.

La ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a de son côté déclaré sur LCI que cette proposition n'avait à ses yeux aucun intérêt puisqu'elle ne concernait pas directement les citoyens.

"On attendait des annonces fortes de François Hollande sur la sécurité des Français et le soir on voit une proposition, supprimer la CJR ! Moi, je n'en ai jamais entendu parler dans les cafés à Longjumeau de la CJR, je pense que 99% des Français s'en moquent complètement", a-t-elle dit.

"C'est le monde politique qui se regarde le nombril", a-t-elle ajouté.

Deux dossiers sont actuellement instruits sur des ministres, un visant la revente d'un terrain de Compiègne par Eric Woerth quand il était ministre du Budget, et l'autre visant Christine Lagarde, actuelle directrice du FMI et ex-ministre de l'Economie, à propos du choix d'un arbitrage ayant abouti au versement de 285 millions d'euros de fonds publics à Bernard Tapie.

Dans l'hypothèse où la CJR serait supprimée, on ignore le sort qui serait réservé à ces enquêtes. Elles devraient vraisemblablement être menées à bien selon la même procédure, pour des motifs de régularité, et elles seraient donc les deux dernières de la CJR.

Thierry Lévêque, édité par Jean-Stéphane Brosse