L'ex-majordome de liliane bettencourt remis en liberté

L'ex-maître d'hôtel de Liliane Bettencourt placé en garde à vue pour avoir enregistré à son insu la femme la plus riche de France a été remis en liberté vendredi. Mais l'affaire prend un tour politique avec la publication par le site Mediapart d'enregistr - -
PARIS (Reuters) - L'ex-maître d'hôtel de Liliane Bettencourt placé en garde à vue pour avoir enregistré à son insu la femme la plus riche de France a été remis en liberté, a-t-on appris de source judiciaire.
Parallèlement, la garde à vue de l'informaticien entendu pour avoir copié sur des CR-Roms ces enregistrements a été prolongée jusqu'à samedi. Lui aussi était un ancien employé de Liliane Bettencourt, ainsi que son épouse.
Le majordome à l'origine de révélations susceptibles de politiser l'affaire a été entendu par les enquêteurs pour "atteinte à la vie privée".
Une plainte pour "atteinte à la vie privée", "vol" et "faux témoignages" a été déposée vendredi au parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) par Liliane Bettencourt.
"Les investigations se poursuivent et nous attendons d'autres éléments pour statuer", sur le sort de l'ex-maître d'hôtel, a-t-on précisé au parquet de Nanterre.
Le parquet est susceptible en fin de procédure soit de citer le majordome devant un tribunal soit d'ouvrir une information judiciaire.
La publication par le site Mediapart des enregistrements pirates réalisés entre mai 2009 et mai 2010 par le maître d'hôtel a donné un tour nouveau au conflit qui oppose la fille de Liliane Bettencourt à sa mère, actionnaire principale du géant des cosmétiques L'Oréal.
Ces bandes laissent penser que Liliane Bettencourt approuvait des opérations d'évasion fiscale menées par ses gestionnaires, notamment l'acquisition d'une île des Seychelles par l'intermédiaire d'une fondation au Luxembourg et des transferts de fonds à Singapour.
WOERTH DÉMENT AVOIR TOUCHÉ DE L'ARGENT
Sur ces faits, le parquet de Nanterre ne semble pas envisager pour le moment d'ouvrir une enquête.
"La première question qui se pose est de savoir comment ces propos ont été enregistrés, cette méthode semblant constituer une infraction", a-t-on expliqué.
Le nom du ministre du Travail Eric Woerth apparaît dans ces conversations à plusieurs reprises, au côté de celui de son épouse, Florence, qui travaillait alors pour Clymène, société chargée de gérer le patrimoine de Liliane Bettencourt.
Les enregistrements remis à la police laissent également présumer des interventions de l'entourage de Nicolas Sarkozy en faveur de Liliane Bettencourt dans le procès qui l'oppose à sa fille, ainsi que des dons financiers à plusieurs personnalités de la majorité, dont Eric Woerth et Valérie Pécresse.
La situation est embarrassante pour Eric Woerth, ministre du Budget de mai 2007 à mars 2010.
Jeudi, le ministre s'est défendu d'être intervenu pour la situation fiscale de Liliane Bettencourt ou d'avoir reçu de l'argent.
Dans un communiqué, il a estimé que ces allégations visaient à porter atteinte à sa réputation, au moment où, en tant que ministre du Travail, il présente la réforme des retraites. "Ce qui ne me semble pas relever du hasard", a-t-il écrit.
Evoquant les propos selon lesquels il serait intervenu pour la situation fiscale de Liliane Bettencourt, le ministre assure: "Ce sont des allégations totalement dénuées de fondement. Elles sont d'autant plus ridicules que je rappelle qu'en tant que ministre du Budget j'ai mené une lutte acharnée contre l'évasion fiscale et les paradis fiscaux."
De même, Eric Woerth assure que les allégations selon lesquelles sa femme ou lui aurait reçu de l'argent de Liliane Bettencourt sont "totalement dénuées de fondement".
Dans la matinée, sur RTL, Eric Woerth, qui est trésorier de l'UMP, avait cependant jugé "possible qu'il y ait eu des dons dans le cadre de la campagne" pour les élections régionales des 14 et 21 mars 2009".
La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, était la candidate de la majorité en Ile-de-France.
Thierry Lévêque et Gérard Bon, édité par Sophie Louet