L’alcool présent dans un cas de violence sur deux

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On parle souvent de drogues, mais on oublie parfois que l’alcool en est une. RMC a dévoilé ce lundi matin en exclusivité les chiffres de l'Observatoire national de la délinquance desquels on peut tirer deux enseignements principaux :
- L'alcool est présent dans près d'un cas sur deux de violence (41 %) entre les hommes, hors du ménage.
- Même proportion (40 %) dans les cas de violences conjugales, selon les victimes.
L'alcool augmente en effet les risques de passer à la violence physique, là où la situation aurait pu s'arrêter aux injures ou aux menaces. Les autres drogues, quelles qu’elles soient, ont une part bien plus faible dans les violences.
« J’ai failli la tuer »
Jacques, 68 ans, rencontré par RMC, ne touche plus un verre. Avant, pourtant, il doit le reconnaître, l’alcool a été en partie responsable de violence. « Ça développait, multipliait mon agressivité. J’ai connu les bagarres de rue, des coups très violents. A partir du moment où j’avais bu, je n’avais plus de limite, rien ne pouvait pas m’arrêter », témoigne-t-il. Idem pour Peipper, 33 ans, qui, elle, se tournait contre son ex compagne. « On commençait à se disputer un petit peu, et quand j’étais dans l’alcool, je n’avais plus toute ma raison. Ça a été des claques, puis une violence assez extrême. J’ai vraiment failli la tuer ».
« L’alcool ou la drogue peuvent faire franchir un palier »
L’étude révèle aussi qu’en dehors du ménage, l’alcool est présent dans les violences entre un homme dans 41% des cas. « C’est vraiment la violence entre personnes qui ne se connaissent pas, on peut penser aux bagarres du samedi soir, souvent avec un inconnu », résume Cyril Rizk responsable statistique à l'Observatoire nationale de la délinquance. « On a une altercation et l’alcool va jouer un rôle d’aggravation, là où ça serait resté au stade de menaces ou d’injure, l’alcool ou la drogue peuvent faire franchir un palier. Les deux se cumulent dans environ un tiers des cas, mais c’est vrai que le plus souvent, c’est l’alcool. L’alcool seul, ça arrive, la drogue et l’alcool ensemble, ça arrive, la drogue seule, c’est plus rare ».
« L’alcool est la drogue la plus dangereuse ! »
Philippe Batel alcoologue, chef du service d'addictologie à l'hôpital Beaujon de Clichy, connaît bien ce phénomène. « Dans un premier temps, il y a une désinhibition, une petite parano. Et puis il y a un verrou qui saute, celui du contrôle, celui qui va non seulement corriger le comportement, mais l’adapter à la situation ». Résultat, l’alcool serait la drogue la plus dangereuse qui soit, selon une étude britannique. Et dans tous les cas bien plus responsable de violences que les autres drogues. « On a, aujourd’hui, une représentation de la dangerosité de l’alcool bien en deçà de la réalité, estime le médecin. Ce produit est avancé en permanence comme le lien français, comme celui de la convivialité. C’est la drogue la plus dangereuse ! C’est un produit qui, chez tout un chacun, peut, à un moment ou un autre, entraîner des dérapages qui peuvent avoir des conséquences majeures ».