Justice : les motivations floues du "pousseur" du RER

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C’était le 2 avril 2010, un peu avant 6 heures du matin, station de RER "Gare de Lyon", à Paris. Subramaniam Rasalingam, un agent de nettoyage de 51 ans, attendait son train pour aller travailler, lorsqu’il a été projeté d’un coup de pied contre un train qui entrait en gare. Son crâne a heurté le marchepied du train en marche ; il est mort sur le coup.
Son agresseur présumé se nomme Ahmed Konkobo. Schizophrène, il ne prenait plus son traitement depuis quelques mois. Mardi, les assises de Paris attendaient qu’il lève l’incompréhension sur ce geste fou.
Mais ce jeune homme à la silhouette fine et au propos traînant n’a, au premier jour de son procès, rien livré de ses intentions. Opposant à la rage et à la détresse de l’épouse de la victime un calme et une froideur apparents.
Diagnostiqué schizophrène en 2005
Les débats se sont surtout attachés à sa personnalité. Descolarisé depuis la quatrième après un premier passage en prison, il a connu un parcours chaotique, avec pas moins de huit condamnations pour vols ou violences.
C’est en 2005 qu’il a été diagnostiqué schizophrène. Un fait que la cour a dû lui rappeler. Selon ses souvenirs, il avait été hospitalisé après "une chute" parce qu’il avait "bu beaucoup l’alcool". Par la suite, il a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique.
Discernement "altéré" mais pas "aboli", selon les experts
Au cours de l’instruction, les experts psychiatres ont diagnostiqué une "altération" de son discernement. Mais pas "l’abolition" qui aurait entraîné son irresponsabilité pénale. A l’audience, sa parole, bien que lente, est cohérente. Il est capable, par exemple, d’expliquer que son traitement consistait en "une injection mensuelle au dispensaire de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).
Ce traitement, il l’a arrêté parce qu’il pensait "pouvoir vivre sans." A l'enquêteur de personnalité, qui l’a auditionné avant le procès, il avait confié avoir voulu "montrer qu'il était normal".
Dix jours avant le drame, sa mère avait demandé au psychiatre qui suivait son fils de l'interner. "Sa mère et son frère sentaient monter la violence en lui", avait relevé l'enquêteur de personnalité. Mais le médecin avait refusé l'hospitalisation. Il doit être entendu mercredi matin.