Joggeuse disparue: le corps identifié, mais encore de nombreuses zones d'ombre

Les enquêteurs ne relâchent pas leurs efforts pour faire la lumière sur la disparition dans la Haute-Saône d'Alexia, 29 ans, dont on est sans nouvelles depuis samedi matin après qu'elle est partie faire son jogging. Lundi, aux alentours de 15 heures, un élève gendarme a retrouvé un corps très dégradé, brûlé, sous des branchages. Le cadavre gisait dans la commune de Velet, à plusieurs kilomètres de l'itinéraire qu'empruntait habituellement Alexia.
L'identité de la dépouille a été confirmée mercredi matin. Il s'agit bien de la joggeuse disparue. Une autopsie sera pratiquée jeudi pour tenter de déterminer les causes de la mort. Mais le procureur de la République de Vesoul a prévenu qu'il ne dirait rien de ses conclusions, sans doute dans le but de préserver l'enquête. Des investigations pour lesquelles les autorités ont sorti les grands moyens.
Trois drones et un groupe d'enquête dédiés à l'affaire
Le magistrat, qui a évoqué "une enquête longue et compliqué", a ajouté: "Des moyens exceptionnels ont été engagés depuis le début, et nous allons les conserver". Le dispositif compte un groupe d'enquête spécialement dédié à l'affaire, formé par la gendarmerie, et trois drones survolent la zone de la découverte du corps. L'objectif qui leur a été assigné est de repérer d'éventuelles traces de passages de voiture.
Les enquêteurs procèdent selon une méthode éprouvée expliquée par le consultant BFMTV Dominique Rizet:
"D’abord, ils travaillent par équipe, mais tous en même temps. Une première équipe va assister le légiste car il est important que les enquêteurs assistent à l’autopsie et à l’identification du corps qui a été retrouvé et comprennent les causes de la mort grâce à cette autopsie. En même temps, on va rechercher les auteurs possibles de l’enlèvement d’Alexia."
De cercle en cercle
L'enquête va ensuite progresser de cercle en cercle. "D’abord, on va vers ses proches parce que c’est comme ça commence une enquête: on soupçonne tout le monde donc on va vérifier l’emploi du temps de son mari, de ses parents, frères, sœurs, amis proches donc le premier cercle. Ensuite, on va aller un peu plus loin: son cercle professionnel", a développé Dominique Rizet. "On sait qu’elle est banquière: est-ce qu’un client pourrait lui en vouloir parce qu’elle aurait refusé un prêt ou quelque chose comme ça? On va voir si elle avait une double vie. Est-ce qu’elle avait un amant? Tout ça, ça se passe en même temps", a-t-il poursuivi.
Le journaliste a encore relevé qu'une autre équipe allait faire le tour des prédateurs sexuels répertoriés dans la région. Ceux-ci seront interrogés. Le volet technique est lui dévolu à une troisième et dernière équipe, comme l'a expliqué notre consultant:
"Une dernière équipe va faire de la police technique et scientifique. La police technique, c’est la géolocalisation de tous les portables qui ont transité dans la région et qui ont borné à l’endroit où elle a disparu. On va identifier tous ces portables, leurs propriétaires, leur poser des questions, savoir qui ils sont. On va s’occuper de la vidéosurveillance, parce que même sur les bords de Saône et dans ce petit bois à quelques kilomètres s’il n’y a pas de vidéosurveillance ici, il y en a dans la région. On va peut-être voir une voiture qui serait passée. La police scientifique fera des prélèvements sur la scène de crime pour essayer d’aller plus loin."
Un appel à témoin pour tenter de clarifier les faits
Un nouvel appel à témoins été lancé mercredi par le parquet. Il invite à "signaler tout fait suspect constaté, dans les environs de Gray et de la forêt de Velet-Esmoulin, durant le week-end du 28 et 29 septembre, qui peut donner lieu à un signalement à la gendarmerie au numéro dédié : 03 84 65 11 45".
Beaucoup de questions sont encore sans réponses. Alexia Duval a-t-elle emprunté un autre trajet? Connaissait-elle son agresseur? Où a-t-elle été interceptée? Où a-t-elle été tuée? Quand et comment?
Le meurtre de la jeune femme a choqué et effrayé les habitants de Gray. "Il y a un criminel en cavale. On ne s'attendait pas à ce genre de faits", a confié devant les journalistes le maire de cette commune de 5.000 habitants, Christophe Laurençot, appelant à ne pas "céder à la psychose".