Jeune tué à Charleville-Mézières: les proches de la victime dénoncent la libération "incompréhensible" du suspect

Une mobilisation à Charleville-Mézières, le 20 mai 2023, pour demander justice après la mort d'un jeune homme de 21 ans tué en décembre 2022. - FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
Un ancien militaire octogénaire, soupçonné d'avoir tué un jeune voisin à Charleville-Mézières il y a sept mois, a été remis en liberté vendredi, a-t-on appris de source proche du dossier, les parties civiles déplorant une décision "incompréhensible".
Un possible "meurtre par exaspération" pour le procureur
Le 9 décembre 2022, Mahamadou Cissé, 21 ans, avait été tué d'un coup de fusil dans le quartier prioritaire Ronde-Couture.
Le procureur de Reims lors des faits, Matthieu Bourrette, avait alors évoqué un possible "meurtre par exaspération".
Selon lui, l'auteur présumé, un ouvrier retraité ancien membre de commandos de marine ayant participé à la guerre d'Algérie, avait déclaré avoir ouvert le feu après avoir été insulté par ce jeune homme et pris à partie par son groupe.
Mais la famille de la victime a déploré de nombreuses négligences dans l'enquête, signe de "mépris" voire de "racisme", et les parties civiles souhaitent que soit retenue la préméditation, l'octogénaire ayant proféré des menaces dont la police avait été informée.
Un "dossier bâclé" pour les proches de la victime
Le suspect, âgé de 83 ans, a interdiction de détenir une arme, de se rendre dans les Ardennes et de quitter le territoire national, selon l'ordonnance de mise en liberté prise vendredi, dont l'AFP a eu connaissance.
Le prévenu, "soutenu par l'extrême droite par le biais d'une pétition et d'une cagnotte, a regagné sa liberté (....) après seulement six mois de détention", a déploré l'avocat de la famille de la victime, Me Saïd Harir.
"Cette décision (...) est incompréhensible pour la famille du défunt", ajoute l'avocat dans un communiqué, faisant valoir que l'instruction n'en est qu'à ses débuts: la confrontation prévue avec un témoin direct n'a pas eu lieu, de même que la reconstitutiSoulignant que "les témoignages évoquent un individu raciste", l'avocat a estimé qu'"habiter dans un quartier défavorisé et être de couleur ne devrait jamais être une justification à perdre la vie".
En mai, quelque 300 personnes s'étaient rassemblées à Charleville-Mézières pour demander justice pour Mahamadou Cissé, et sa soeur avait évoqué un "dossier bâclé".