Jérôme Kerviel se dit abattu, mais commence à avaler la pilule

Jérôme Kerviel se dit "abattu par le poids de la sanction" mais "commence à avaler la pilule" et va travailler à préparer son procès en appel au lendemain de sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris. /Photo prise le 5 octobre 2010/REUTERS/Ch - -
PARIS (Reuters) - Jérôme Kerviel se dit "abattu par le poids de la sanction" mais "commence à avaler la pilule" et va travailler à préparer son procès en appel au lendemain de sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris.
L'ancien trader de la Société générale, jugé seul responsable d'une perte historique de 4,9 milliards d'euros en 2008, a été condamné mardi à cinq ans de prison dont trois ferme et au remboursement du préjudice, soit exactement 4.915.610.154 euros.
"Je commence à avaler la pilule mais je suis quand même abattu par le poids de la sanction et par le poids des responsabilités que les juges m'ont fait porter", a dit Jérôme Kerviel, réagissant mercredi sur Europe 1 pour la première fois depuis sa condamnation.
"J'ai vraiment le sentiment qu'on a voulu me faire payer pour tout le monde.
"On s'est arrêté à cette part de responsabilité qui est la mienne en évitant à tout prix de s'attarder sur la responsabilité des autres, en négligeant totalement les pièces à décharge qui prouvaient que mes supérieurs avaient connaissance de ce que je faisais", a-t-il ajouté.
L'ancien trader, présenté par le tribunal comme "arrogant" et "cynique", ne s'est pas reconnu dans cette description et a dit avoir reçu de nombreux messages de soutien depuis mardi.
"Evidemment que quand on reçoit un tel coup de massue sur la tête, c'est difficile. Quand le jugement a été rendu, la première pensée que j'ai eue a été pour mon père, pour ma mère", a expliqué Jérôme Kerviel.
Le jeune homme de 33 ans, qui s'affiche à la une de toute la presse française et de journaux internationaux mercredi, va dorénavant travailler sur son procès en appel, dans le but "d'apporter la preuve une fois pour toutes que je n'étais pas seul dans ce bateau-là".
"Je vais continuer à travailler à la fois dans la société dans laquelle je suis et je vais me remettre avec mes avocats Olivier Metzner et Nicolas Huc-Morel dans mon dossier pénal", a-t-il dit.
Prié de dire s'il souhaitait que la Société Générale renonce à lui réclamer près de cinq milliards d'euros, il a répondu: "Moi, je ne demande rien à la Société Générale".
Son avocat Maître Metzner a ajouté: "Je pense que ce serait à la Société Générale d'assumer ses responsabilités, cette somme ne leur est pas due, ils le savent, ils n'ont aucune raison de la réclamer."
Le conseil de Jérôme Kerviel a par ailleurs qualifié le jugement du tribunal de Paris de "défaite de la justice".
"C'est une mort civile, une mort pécuniaire, c'est l'empêcher de travailler à vie puisqu'on l'interdit de travailler sur tout marché financier", a-t-il ajouté.
Clément Guillou, édité par Pierre Sérisier