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Police-Justice

Jacqueline Sauvage: "Mon geste obéissait à une réaction de survie"

Jacqueline Sauvage peut espérer une libération conditionnelle pour le mois d'avril.

Jacqueline Sauvage peut espérer une libération conditionnelle pour le mois d'avril. - AFP

Pour la première fois depuis l'annonce de sa grâce partielle accordée par François Hollande, Jacqueline Sauvage sort de son silence. Celle qui a tué son mari violent a accordé une interview à L'Obs.

Elle est devenue un symbole. Jacqueline Sauvage, condamnée à 10 ans de prison pour avoir tué son mari qui la battait depuis 37 ans, a obtenu le 31 janvier dernier une grâce présidentielle partielle. Elle sort pour la première fois de son silence dans une interview accordée au magazine L'Obs. Un entretien par écrit qu'elle a réalisé depuis la prison de Réau, en Seine-et-Marne, où elle a été transférée.

Quand elle a appris sa grâce - par la télévision -, elle a laissé exprimer son émotion. "J'étais tellement contente, j'ai sauté de joie", confie Jacqueline Sauvage, qui raconte que d'autres détenues se sont associées à ce moment de bonheur. Ses premières pensées ont été pour "ses filles" et leur "courage".

"Je leur serai reconnaissante toute ma vie", poursuit-elle.

"Un symbole sans le vouloir"

Car après la condamnation en appel de leur mère, Sylvie, Carole et Fabienne ont mené un combat. De là, est née une large mobilisation des associations, de certains politiques et d'anonymes qui ont permis aux filles de Jacqueline sauvage d'être reçues par le président de la République pour défendre en personne la demande de grâce

"Je suis devenue un symbole sans le vouloir", raconte Jacqueline Sauvage, détaillant l'enfer conjugal qu'elle a vécu pendant 37 ans, sans jamais oser en parler, sans jamais appeler à l'aide.

"Notre mère, par pudeur, tous les problèmes qu’elle a connus, elle n’osait pas aller à l’extérieur pour appeler au secours", confirmait en janvier dernier sur BFMTV Fabienne Marot, l'une de ses filles.

"Je regrette ce geste"

Dans cet entretien, Jacqueline Sauvage revient sur ce fameux jour où "la cocotte-minute a explosé", où elle a tiré trois balles dans le dos de son mari.

"Ce geste obéissait à une réaction de survie. J’étais dans une situation où je ne voyais plus d’issue pour sauver mon existence, j’ai eu très peur pour moi et mes enfants. Et oui, je regrette ce geste, d’avoir tué, mais pendant cet instant très bref où j’ai tiré, je ne me contrôlais plus."

Aujourd'hui, elle explique faire "beaucoup de cauchemars" mettant en scène son mari. "L'emprise n'a pas disparu, elle s'est déplacée dans mes nuits", détaille Jacqueline Sauvage. 

Changement de lois

Elle se trouve toujours en prison, à Réau, en Seine-et-Marne, où les autorités judiciaires doivent évaluer son niveau de dangerosité avant une libération conditionnelle espérée pour le mois d'avril. Ensuite, son seul souhait est de retrouver sa famille, ses enfants, petits-enfants.

"Me reposer, et vivre au calme", imagine-t-elle. 

Mais elle n'oublie pas les autres femmes, comme elle, victimes des coups de leur conjoint. "J’aimerais un changement des lois et des mentalités, pour que les femmes battues et leurs familles en détresse soient reconnues pour ce qu’elles sont, des victimes", explique Jacqueline Sauvage.

Avant de conclure: "On ne doit pas se laisser faire, recevoir des claques n’est pas normal"

J.C.