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"J'ai retrouvé ma mère dans un état lamentable": des familles témoignent de maltraitances dans un Ehpad Orpea

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Ce sont de nouvelles révélations autour de maltraitances et négligences présumées dans un Ehpad Orpea. Le groupe privé de gestion de maisons de retraite est dans la tourmente depuis la publication d'une enquête la semaine dernière, entraînant le limogeage de son directeur général dimanche soir. Sur BFMTV, un collectif de proches de résidents d'un établissement de la société situé en Seine-Saint-Denis, dénonce le traitement qui leur est réservé.

Dimanche soir, le groupe Orpéa a annoncé qu'il démettait Yves Le Masne, son directeur général, de ses fonctions. Le cadre paie les révélations autour de maltraitances et négligences présumément commises sur les résidents d'Ehpad de ce groupe privé, leader mondial de la gestion de maisons de retraite. Mais tandis que son patronat est convoqué mardi pour s'expliquer devant le gouvernement et Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l'Autonomie, pas sûr que ce limogeage suffise à sortir la société de l'ornière.

Dans la tourmente depuis la publication de l'enquête de Victor Castanet Les Fossoyeurs, Orpea voit s'ouvrir un second front devant lui ce lundi. Alors que le livre du journaliste pointait surtout les mauvaises pratiques ayant eu lieu selon lui au sein d'une structure de Neuilly-sur-Seine - baptisée "Les Bords de Seine" -, 25 familles de résidents des Terrasses des Lilas, dans les Hauts-de-Seine, témoignent elles-aussi.

Auprès de BFMTV, certaines d'entre elles dressent leur récis du traitement subi par leurs proches dans cet Ehpad et s'organisent en collectif. Quatre personnes ont d'ailleurs déjà déposé plainte contre l'établissement.

"J'ai retrouvé ma mère dans un état lamentable"

25 familles consternées, mais des histoires qui se ressemblent dramatiquement. C'est tout un ensemble de négligences et même de violences présumées sur les résidents de l'Ehpad Orpea des Lilas, en Seine-Saint-Denis, que nos interlocuteurs fustigent devant nos caméras dans un reportage que nous diffusons ce lundi.

La mère d'Evelyse Berrebi y a été admise en 2019. Aujourd'hui, sa fille, brandissant son téléphone, montre deux photos: sur la première, sa mère sourit, sur la seconde, elle paraît éteinte, deux poches violacées sous les yeux.

"J’ai laissé maman comme ça la veille, je l’ai emmenée chez le coiffeur et tout et le lendemain je l’ai retrouvée dans un état lamentable", raconte Evelyse qui complète: "Elle me disait: 'Ma fille, ils m’ont laissée toute la nuit par terre'."

"A plusieurs reprises, ma mère est tombée par terre, a eu des bleus. Une fois, à droite, une fois, à gauche. Elle sonnait, sonnait, sonnait et je sais qu’elle disait la vérité car elle avait toute sa tête", achève Evelyse.

Des mains brisées soignées au Doliprane

Martine, elle, a retrouvé sa mère les mains brisées, le tout sans prise en charge sérieuse, assure-t-elle.

"Le problème avec ma mère, ça a été par exemple d’arriver un jour et de voir ses mains toutes bleues", confie Martine. "J’ai voulu la toucher, elle s’est mise à hurler", poursuit-elle. Avant de conclure: "Ils ne se sont pas aperçu que sa main était cassée. Ils l’ont soignée avec du Doliprane, sans faire grand-chose".

Monique Partouh accuse même des aides-soignants d'avoir frappé son époux, lui aussi pensionnaire des Terrasses des Lilas, et ce, à deux reprises. "Je suis arrivée un samedi. Mon mari avait une balafre sur une joue. (…) On a reçu un courrier qui dénonçait une autre: 'Elle a frappé ton mari'", a-t-elle ainsi retracé.

Aurore Villemur, Julie Poncet et Yaëlle Kahn avec R.V.