BFMTV
Police-Justice

"J'ai eu peur pour ma vie": ex-compagne de Jean Imbert, Lila Salet évoque les violences dont elle accuse le chef cuisinier

Le chef Jean Imbert lors du Festival de Cannes, le 20 mai 2024.

Le chef Jean Imbert lors du Festival de Cannes, le 20 mai 2024. - Zoulerah NORDDINE / AFP

Une enquête a été ouverte contre le chef Jean Imbert, accusé de violences conjugales par son ex-compagne Lila Salet. Sur RTL, l'ancienne actrice dit ce mercredi 27 août vouloir relancer le débat sur la prescription dans ce type d'affaire.

Elle veut témoigner "pour toutes les autres femmes qui ont souffert". L'ex-compagne de Jean Imbert, Lila Salet, est revenue ce mercredi 27 août au micro de RTL sur sa relation "d'emprise" avec le chef cuisinier visé par une enquête pour violences conjugales.

L'ancienne actrice a déposé plainte ce samedi 23 août pour des faits de "violences" et de "séquestration" commis selon elle entre 2012 et 2013, au cours de la relation de sept mois qu'elle a entretenue avec l'ancien vainqueur de l'émission Top Chef.

Douze ans après, Lila Salet a donc décidé d'enclencher une procédure judiciaire, dont le déclic aura été le témoignage d'autres ex-compagnes de Jean Imbert, comme l'ancienne Miss France Alexandra Rosenfeld. La jeune femme avait déjà déposé plainte pour des faits similaires en janvier 2013, avant de la retirer.

"Manipulation"

"J'ai l'impression de reprendre le fil de ma vie que j'ai laissé en 2013. La justice n'a pas pu être rendue dans cette affaire, tout simplement parce que quelqu'un, Jean Imbert, m'a empêché de le faire. Il a usé en fait de tout le spectre de la manipulation après ce premier dépôt de plainte en 2013", explique Lila Salet.

La jeune femme, évoque les mécanismes "pernicieux" qui l'ont empêchée de pousser la porte d'un commissariat. "J'avais encore des sentiments pour lui. Il faut comprendre que j'ai aimé cet homme très fort et que ça m'a coûté très cher parce que son amour, c'est une forme d'amour très particulière. C'est une emprise, c'est un mécanisme qu'on reconnaît et qu'on a toutes reconnu", explique-t-elle.

Âgée de 20 ans quand lui en avait 30 au moment des faits supposés, Lila Salet dépeint une relation qui a commencé par "de grands hauts". "C'est d'abord une escalade vers quelque chose d'extraordinaire. C'était la première fois que j'étais aimée de cette manière, avec une intensité que je ne pourrais pas décrire et que je n'ai jamais ressentie après d'ailleurs", confie-t-elle.

Mais viennent rapidement "les bas". "C'est d'un coup des remarques insidieuses (...) 'Ce jeans te va pas très bien, t'es un peu boudinée dedans', 'là franchement tu mets trop de maquillage', 'là, ta coupe de cheveux ça va pas du tout'... Et c'est tous les jours des petites remarques comme ça qui nous font douter d'un coup de ce que nous sommes", poursuit Lila Salet.

"J'ai vraiment eu peur pour ma vie"

À ces violences psychologiques, s'ajoutent des violences physiques. Au micro de RTL, Lila Salet est revenue sur l'épisode de son week-end à Florence avec Jean Imbert, en janvier 2013.

"Je suis descendue boire un café. Je vois qu'il ne descend pas, je remonte dans la chambre (d'hôtel, NDLR) et en fait il est sur le lit. Il a mon téléphone entre les mains. Je venais de recevoir un texto qui disait 'comment ça va ma chérie?' de la part d'un garçon", raconte-t-elle.

"J'ai des gens qui me disent qu'ils m'aiment, que ce soit des garçons ou des filles, et c'est normal à 20 ans". Mais "dans sa tête à lui, c'est parce que je le trompais", poursuit Lila Salet.

Le chef cuisinier rentre alors dans une colère noire. "Il me met sur le lit, me met des grandes baffes et m'interdit de sortir de cette chambre pendant plusieurs heures", décrit son ancienne compagne. "J'ai vraiment eu peur pour ma vie à ce moment-là", souffle-t-elle.

"J'ai attendu que ça passe et qu'il redescende. Mais j'avais les yeux rouge écarlate de sang parce qu'il m'avait mis du champagne dans les yeux", raconte encore Lila Salet.

"La baffe de trop"

Cette séquence ne met pas immédiatement un terme à la relation entre la jeune femme et Jean Imbert. "J'y suis retournée plusieurs fois, oui. Il se confond en excuses. Il vous explique qu'il vous aime, qu'il veut vous faire des enfants, que vous êtes la prunelle de ses yeux, que vous comptez plus que tout. En fait, il s'est emporté, le pauvre homme. Il ne se gère pas, il veut aller se faire soigner. Il le marque noir sur blanc dans un texte qu'il m'a envoyé", explique Lila Salet.

Mais un jour, en mars 2013, "la baffe de trop" la pousse à quitter définitivement Jean Imbert.

"Dans une voiture, il me regarde droit dans les yeux et me dit : 'Je te jure, plus jamais je te touche. Plus jamais je te touche.' Les larmes aux yeux. Je le contredis sur quelque chose et il m'en met une".

La question de la prescription

Aujourd'hui, Lila Salet se dit agréablement "surprise" que sa plainte a donné lieu à l'ouverture d'une enquête, alors même que les faits sont "prescrits". De fait, les faits de violences conjugales sont normalement prescrits au bout de 6 ans.

"Ça vient aussi poser une question du temps de prescription parce que 6 ans pour des faits de violence de ce type-là, je trouve ça très court. Donc le débat pourrait peut-être être relancé là-dessus", estime Lila Salet.

Mais l'ancienne actrice, devenue agente immobilière, veut surtout témoigner pour les autres femmes victimes de violences conjugales. Pour que "toutes celles qui ont souffert puissent voir que c'est possible, qu'elles seront entendues et que la justice pourra être rendue".

Jean Imbert, 44 ans, avait nié dans les colonnes du magazine Elle avoir exercé la moindre violence physique ou psychologique envers d'ex-compagnes. Les avocates du cuisinier, dont le restaurant du Martinez à Cannes a remporté cette année une étoile Michelin, ont par ailleurs récusé toute "séquestration" de Lila Salet pendant leur week-end à Florence.

Les avocates du chef cuisinier mettent en avant des publications de Lila Salet sur les réseaux sociaux qui "contredisent", selon elles, "le récit proposé douze ans et demi plus tard par la plaignante". Lila Salet, elle, affirme que la séquestration a eu lieu après la publication de ses messages sur Instagram et qu'une photo postée sur un réseau social ne signifie pas que "vous allez bien".

François Blanchard