"J'ai besoin de la reconnaissance des faits": Coline Berry, qui accuse son père d'inceste, sort du silence

Coline Berry-Rojtman, qui accuse d'inceste son père l'acteur Richard Berry, à la sortie de son audition par la brigade de protection des mineurs à Paris, le 11 février 2021 - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Après être revenue pendant de longues heures devant les enquêteurs sur ses souvenirs d'enfance, Coline Berry-Rojtman, qui accuse d'inceste son père l'acteur Richard Berry, a pris la parole dans une interview à nos confrères de Franceinfo.
La femme de 44 ans revient ce lundi sur les motivations qui l'ont conduite à dévoiler ses accusations au grand public, tout comme la nécessité d'une reconnaissance des faits, bien que prescrits, par la justice.
"La peur de faire du mal à d'autres que soi"
Coline Berry-Rojtman, née de l'union entre Richard Berry et l'actrice Catherine Hiegel, a porté plainte le 25 janvier, pour "des faits de viols et agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par ascendant et corruption de mineur" et de "corruption de mineur". Une enquête préliminaire est depuis ouverte auprès du parquet de Paris.
Elle explique s'être longtemps retenue de dénoncer les agressions dont elle dit avoir été victime, par peur de faire souffrir des membres de sa famille:
"La peur de faire du mal à d'autres que soi. Pas qu'à mon père, à ma famille, à mes grands-parents. Ma grand-mère me disait d'attendre qu'il soit mort, parce qu'on fait tout exploser", explique-t-elle.
Finalement, la mère de trois enfants dit avoir décidé de franchir le pas après la parution du livre de Camille Kouchner La Familia Grande, à l'origine de l'affaire Duhamel et d'une libération de la parole en France sur l'inceste depuis plusieurs semaines.
"Ce n'est pas un étranger qui vous a agressé que vous dénoncez", fait-elle remarquer à Franceinfo. "Et en même temps, quand ce cheminement est arrivé à un aboutissement, avec le dépôt de cette plainte, finalement, le mal que cela m'a fait et que cela continue de me faire, est revenu... C'était vital."
Ce dépôt de plainte intervient alors que les faits sont a priori prescrits, puisque la prescription a été possiblement acquise depuis 2014 et le 38e anniversaire de Coline Berry-Rojtman. Cette dernière affirme toutefois qu'elle n'a pas besoin d'une condamnation, mais d'une "reconnaissance des faits":
"J'ai besoin de la reconnaissance des faits. Je n'ai jamais eu besoin qu'elle s'effectue soit par un procès, soit par un rapport privé entre mon père et moi. Ce que je veux, c'est la reconnaissance. Cela ne m'apporterait rien qu'il soit condamné. J'ai simplement besoin que la réalité, la vérité soient mises en face, que la loi soit mise en face de ce que j'ai vécu."
Déni
Le 2 février, lorsque l'affaire est devenue publique, Richard Berry avait démenti "de toutes (ses) forces et sans ambiguïté ces accusations immondes". "Je n'ai jamais eu de relations déplacées ou incestueuses avec Coline, ni avec aucun de mes enfants", avait assuré l'acteur dans un long texte publié sur son compte Instagram.
Elle revient sur les différentes "postures" prises par son père depuis les révélations:
"Soit il minimise [les faits], en les considérant comme anecdotiques. Soit il considère que c'est de la faute de Jeane Manson, dont il aurait subi la liberté sexuelle. Ou alors je suis traité de folle." Et d'ajouter:
"Ce déni, c'est encore une destruction qui vient s'ajouter à la déchirure que je vis depuis toutes ces années."
Coline Berry-Rojtman se dit aujourd'hui "soulagée" d'avoir pu livrer son témoignage à la justice. "Il n'y a pas de raison (...) qu'on ne puisse pas se délester de ça sous prétexte que l'on n'est pas dans le bon nombre d'années parce que la loi n'est pas rétroactive. Il y a aussi une forme d'injustice", fait-elle remarquer.