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Police-Justice

Isère: un homme soupçonné de meurtres et de viol en 1993 réclame sa liberté

Tribunal de Grenoble (illustration).

Tribunal de Grenoble (illustration). - JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Un homme de 75 ans, soupçonné des meurtres et du viol de sa femme et de sa fille en 1993, réclame la levée de sa détention provisoire dans l'attente de son procès.

Il clame son innocence depuis 1993. Si son alibi a été jugé solide pendant près de trente ans, un homme a finalement été mis en cause, en juin 2021, pour l'assassinat de sa femme et le meurtre et viol de sa fille en 1993. Âgé de 75 ans aujourd'hui, Marian Marinescu a réclamé, ce jeudi devant la cour d'appel de Grenoble, la levée de sa détention provisoire dans l'attente de son procès.

Marian Marinescu était entendu, ce jeudi 28 décembre en visioconférence devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble, qui doit statuer sur sa demande de mise en liberté. "Je déclare tout de suite que je suis innocent", a-t-il lancé.

Les corps de Michèle Chabert, épouse Marinescu, 43 ans, et de sa fille Christine, 13 ans, tuées de plusieurs coups de couteau à la gorge, avaient été retrouvés le 7 janvier 1993 à Sassenage, près de Grenoble.

Des traces de son sperme sur le pantalon de sa fille

"Je n'ai rien à voir avec ces assassinats, c'est une infamie!" a déclaré ce jeudi, ajoutant qu'il n'avait aucune raison de commettre ces crimes, car il "aimai(t)" sa femme et sa fille et qu'il se trouvait au moment des faits "à l'autre bout de l'Europe", en Roumanie.

À l'époque, dans les jours et les mois suivants la découverte des deux corps, l'enquête n'avait débouché sur aucune piste probante et les multiples appels à témoins, dont un dans l'émission de télévision "Témoin numéro un" de Jacques Pradel en 1995, n'avaient abouti à aucune avancée significative.

Longtemps préservé de toute poursuite dans l'enquête en raison d'un alibi jugé solide, Marian Marinescu a finalement été mis en cause en 2021 suite à une relecture du dossier par les enquêteurs. De nouvelles expertises, rendues possibles par les progrès technologiques, avaient mis en évidence de nombreuses traces de son sperme sur le pantalon de sa fille, faisant basculer l'enquête.

L'alibi du voyage en Roumanie du suspect avec son fils au moment du crime présentait également des fragilités, avaient estimé les enquêteurs, présentant cet emblématique "cold case" comme désormais résolu.

"Un risque majeur d'erreur judiciaire", pour son avocat

Mais pour l'avocat du suspect, Me François Saint-Pierre, ce dossier représente pour son client "un risque majeur d'erreur judiciaire". "Rien n'a été fait pour voir si Marinescu avait pu revenir en secret et commettre ce crime", a-t-il accusé, fustigeant la "légèreté de l'enquête" à l'époque.

Quant aux traces de sperme retrouvées sur le vêtement, elles seraient en réalité "antérieures" au crime et ne prouveraient donc rien selon lui. Il a également déploré que la longueur de l'instruction compromette les chances que le procès, "seul moyen de démontrer" son innocence, ait lieu en 2024.

L'avocat de la famille des victimes, Me Hervé Gerbi, a pour sa part estimé qu'un maintien en détention du suspect, qui a la double nationalité française et roumaine, paraîtrait "logique", invoquant un risque de fuite. Le parquet a également demandé son maintien en prison, estimant qu'un procès avant la fin 2024 reste "envisageable". La décision de la chambre est attendue vendredi.

M.A. avec AFP