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Interpellation d'une femme voilée en Seine-Saint-Denis: l'avocat de la conductrice livre sa version des faits

Un brassard de police  (photo d'illustration)

Un brassard de police (photo d'illustration) - Christophe Simon / AFP

La vidéo de l'interpellation d'une femme voilée vendredi soir a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux, obligeant les forces de l'ordre à communiquer officiellement sur Twitter. L'avocat de la femme donne sa version des faits, qui diffère de celle de la police.

C'est une séquence qui a été partagée à près de 30.000 reprises sur Twitter depuis vendredi: sur les images, filmées de loin et confuses, on entend les cris d'une femme, les aboiements d'un chien puis un coup de feu. On distingue au moins un policier en uniforme, à côté d'une voiture. Un court film accompagné d'une légende lapidaire: "Tt ça pr un voile (sic)".

La scène se déroule vendredi soir à l'Île-Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Face au tollé provoqué sur les réseaux sociaux, avec en toile de fond une polémique sur le port du voile islamique provoquée il y a une semaine par un élu du Rassemblement national, la préfecture de police de Paris a réagi samedi via Twitter, apportant une version toute autre de celle jusque-là véhiculée sur internet:

"Interpellation d'1 conductrice circulant à vive allure qui a refusé le contrôle et insulté les policiers, proféré des paroles faisant l'apologie du terrorisme, puis incité les passants à l'émeute. 1 molosse agressif neutralisé par un tir", écrit la "PP".

Un déroulé des faits corroboré samedi par plusieurs sources policières auprès de BFMTV. Le chien abattu, qui appartient à la conductrice et non à un passant contrairement à ce qui avait pu être dit dans un premier temps, aurait été agressif envers les forces de l'ordre.

Une infraction à la circulation comme point de départ

Contacté par BFMTV.com dimanche, l'avocat de la conductrice, Me Hosni Maati, apporte une toute autre version que celle défendue par les policiers. Les deux parties s'accordent néanmoins sur le fait qu'initialement, l'arrestation a eu lieu pour une infraction à la circulation, ce qu'a reconnu également l'intéressée durant sa garde à vue. C'est ensuite que les récits divergent.

Selon la police, la femme, âgée de 35 ans, portait un voile islamique, un temps présenté comme une burqa, qui ne laissait apparaître que ses yeux. Ce que Me Maati contredit en affirmant que sa cliente, auxiliaire de vie, revêtait un hijab qui laissait son visage entièrement libre. Selon la police, la conductrice aurait "proféré des paroles faisant l'apologie du terrorisme", ce que contredit également le pénaliste:

"C'est une personne qui n'est pas du tout radicalisée. (...) Il n'y a pas eu d'apologie du terrorisme", assure-t-il auprès de BFMTV.com.

Pas d'apologie du terrorisme

Selon la police, la trentenaire était déjà connue de leurs services pour de multiples outrages, alors que Me Hosni Maati fait a contrario valoir un casier judiciaire vierge, relevant un unique outrage, commis en 2004, pour lequel sa cliente n'a pas été poursuivie.

La police a indiqué samedi l'avoir interpellée pour "apologie du terrorisme", une qualification qui n'a finalement pas été retenue par le parquet, précise Me Maati, qui évoque une garde à vue pour "outrage" et "rébellion". 

"Les policiers pensaient pouvoir retenir la qualification d'apologie du terrorisme contre elle mais le parquet n'a pas suivi", fait-il valoir.

Placée en garde à vue vendredi soir au commissariat de Saint-Denis, la trentenaire est sortie dimanche en début de soirée, écopant d'une Convocation par officier de police judiciaire (COPJ).

Alexandra Gonzalez avec Clarisse Martin