INFO BFMTV. Un important réseau pédopornographique international démantelé, 95 Français identifiés

Un immense réseau pédopornographique international qui vient d'être démantelé par les gendarmes français. - NICOLAS ASFOURI
Un immense réseau pédopornographique international vient d'être démantelé par les gendarmes français, selon les informations de BFMTV. Ce réseau prenait forme dans plusieurs groupes de discussion sur l'application de messagerie chiffrée "Signal".
Dans ces groupes, 16.000 utilisateurs de 130 pays différents ont échangé des contenus pédopornographiques. Les gendarmes de la section de recherches de Versailles ont identifié 95 utilisateurs français. Ils ont "presque" tous été interpellés, selon une source proche de l'enquête. Parmi eux, certains partageaient des contenus dans les groupes de discussions quand d'autres étaient administrateurs.
Les autres utilisateurs de cet immense réseau pédopornographique proviennent de l'étranger, "beaucoup en Amérique centrale et Amérique du sud", précise une source proche de l'enquête à BFMTV. Les gendarmes transmettent actuellement les preuves et les informations dont ils disposent sur les 16.320 utilisateurs étrangers à Interpol.
Un adjoint au maire, un éducateur sportif
Cette affaire trouve son origine dans une banale enquête française menée par la section de recherche de Versailles en 2023. Cette enquête visait un homme, un trentaine installé dans les Hauts-de-Seine. Il est mis en cause pour consultation habituelle d'images pédopornographiques.
En novembre 2023, les gendarmes perquisitionnent son lieu d'habitation et découvrent, sur ses "supports numériques", qu'il est membre de plusieurs groupes de discussion sur la messagerie chiffrée "Signal". Les noms de ces groupes de discussion comportent "une formule code sans équivoque", précise une source proche de l'enquête.
Les gendarmes découvrent alors que ces canaux sont des "diffuseurs" de contenus pédopornographiques. Concrètement, les utilisateurs y "introduisent des images dans le système". Les investigations devront notamment déterminer si ces utilisateurs ont produit eux-mêmes du contenu, et donc s'ils ont fait subir des sévices à des enfants.
Après une enquête d'un peu plus d'un an, menée par la section de recherche de Versailles sous la direction du parquet de Nanterre, 95 utilisateurs français sont identifiés, 94 majeurs et un mineur. Les majeurs ont entre 18 et 74 ans. Le mineur est lui âgé de 16 ans.
Parmi ces 95 hommes, 36 sont déjà connus pour des infractions sexuelles sur des mineurs ou pour consultations de sites pédopornographiques. Sept d'entre eux sont inscrits au Fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Les profils de ces utilisateurs français sont très divers. Il y a notamment un adjoint au maire, un responsable d'une association d'information de la jeunesse et un éducateur sportif. Ils ne se connaissaient pas, mais ils sont tous sur les mêmes groupes.
Des centaines de milliers de contenus
Les interpellations de ces hommes ont débuté le 9 décembre dernier, et elles se sont achevées ce jeudi 19 décembre. Elles ont été menées dans plusieurs coins de France, principalement en Île-de-France, en Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne-Rhône-Alpes et dans le Grand Est.
Au cours de la perquisition des domiciles de ces hommes, les gendarmes ont saisi plusieurs supports numériques. Au total, 330 supports numériques ont été saisis, dont 152 téléphones portables et 122 ordinateurs lors d'opérations coordonnées par l'Unité nationale cyber (UNC) de la gendarmerie avec 570 enquêteurs de la gendarmerie dont 140 spécialisés dans le cyber.
Une quantité astronomique de contenus pédopornographique a été découverte sur ces différents supports: plus de 156.000 vidéos et 375.000 photos pédopornographiques. Le tout pour 217 téraoctets de données.
Les investigations tentaculaires se poursuivent. L'objectif est d'identifier de potentiels enfants français sur ces vidéos pédopornographiques, et de tenter de déterminer si, parmi les auteurs français interpellés, certains ont participé activement à la production de ces contenus pédopornographiques, et donc à des sévices sur des enfants.
Les groupes de discussion sur la messagerie chiffrée "Signal" ont depuis été fermés, rapporte une source proche de l'enquête à BFMTV.