INFO BFMTV. Ibrahim Maalouf assigne en justice le festival de Deauville qui l'a écarté du jury l'an dernier

Le trompettiste et compositeur franco-libanais Ibrahim Maalouf se produit dans la rue après un concert au cinéma et salle de concert Grand Rex à Paris le 17 avril 2024. - Stefano RELLANDINI
Huit mois après, il trouve toujours que cette décision était "injuste" et "humiliante". Selon les informations de BFMTV, le trompettiste Ibrahim Maalouf vient d’assigner le festival du cinéma américain de Deauville devant le tribunal des affaires économiques de Paris (ex-tribunal de commerce).
Il réclame un peu plus de 500.000 euros au civil en guise de réparation pour avoir été écarté du jury du festival, à l’été 2024, en raison du "malaise" que suscitait sa présence.
Ibrahim Maalouf condamné avant d'être relaxé en 2020
Quelques jours avant le début du festival, fin août 2024, Aude Hesbert, sa directrice, avait publiquement révélé l’éviction du musicien à cause de la "contestation très forte" qui s’était "élevée de tout horizon" quant à sa participation. Selon elle, l’annonce de la présence d’Ibrahim Maalouf à Deauville avait suscité des "réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias" et un "malaise dans l’équipe" du festival, en raison d’une affaire d’agression sexuelle sur mineure visant le musicien dans le passé.
Condamné en 2018 à quatre mois de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende, en première instance, le jazzman, lauréat de quatre Victoires de la musique et d’un César de la meilleure musique de film, avait finalement été relaxé par la cour d’appel de Paris en juillet 2020.
"La preuve matérielle des faits (…) n’est pas rapportée, notait ainsi la cour dans son arrêt. Ce qui ne signifie pas que (l’adolescente) a menti, mais que sa vérité n’est pas partagée, en l’absence d’éléments suffisamment pertinents, précis et concordants".
Quatre ans après, Aude Hesbert affirme, dans les colonnes du Parisien, n’avoir pas eu l’ambition de "se substituer à la justice" mais avoir pris la décision de retirer le musicien du jury en raison de "menaces" sur le bon déroulement de son festival.
"Nous sommes un festival de cinéma américain, et les Américains sont très vigilants sur le sujet des violences sexuelles…", confiait-elle alors.
À l’opposé, Ibrahim Maalouf ne comprend pas pourquoi il a été évincé du jury alors même que la justice l’a définitivement déclaré non coupable. Il a donc assigné le festival en justice pour réclamer réparation de plusieurs préjudices. À commencer par le manque à gagner économique.
Le festival "en désaccord total" avec les demandes d'Ibrahim Maalouf
Son assignation devant le tribunal des affaires économiques dresse ainsi la liste de toutes les propositions de concerts et représentations qu’il a été contraint de décliner pour se rendre disponible toute la durée du festival. Arles, Thuir, Monte-Carlo, Bruxelles, Anvers: il estime son préjudice économique à peu plus de 340.000 euros. Si l’on ajoute 150.000 euros réclamés au titre du préjudice moral et réputationnel et les frais d’avocat, la demande du musicien dépasse les 500.000 euros.
Après une première audience, fin mars, les deux parties ont à nouveau rendez-vous mi-avril pour une tentative de conciliation. Pas sûr qu’ils parviennent à trouver un terrain d’entente. Contacté par BFMTV, Patrick Maisonneuve, avocat du festival de Deauville, indique, en effet, que les organisateurs du festival sont "en désaccord total avec les demandes formulées par Ibrahim Maalouf".
Une position que déplore Fanny Colin, l'avocate du musicien: "Il est regrettable que le festival de Deauville s'entête à ne pas reconnaître sa faute. C'est ici une question de principes et Ibrahim Maalouf ira, cela va sans dire, jusqu'au bout de la procédure."
Si la conciliation n’aboutit pas, l’affaire pourrait faire l’objet d’une audience au tribunal, à partir de la rentrée de septembre. Pile pendant la 51e édition du festival de Deauville.