Incendie : la sécurité mise en doute

Après la mort de 5 personnes dans l'incendie d'un HLM à Sevran en Seine-Saint-Denis, la controverse sur la sécurité est lancée. Les habitants mettent notamment en cause les trappes d'évacuation des fumées, cadenassées. [photo d'archive : Roubaix, août 200 - -
L'incendie d'un immeuble a fait 5 morts à Sevran (Seine-Saint-Denis) dans la nuit de dimanche à lundi. Les victimes, deux femmes et trois enfants (dont un nourrisson) appartenaient à la même famille ivoirienne, occupaient un appartement qu'elles "squattaient" dans la cité des Beaudottes, a précisé le procureur de Bobigny. Aucun mot par contre sur les circonstances du drame, mais la brigade criminelle a été chargée de l'enquête. Une autopsie des corps devait être « pratiquée mardi dans la matinée », a-t-on ajouté de source judiciaire.
Lundi matin, à 4h, le feu a pris au 7ème étage d'un immeuble qui en compte 10. Tous les autres habitants, une trentaine au total, ont été évacués. Vingt-neuf personnes ont été légèrement intoxiquées par la fumée. 15 d'entre elles ont été évacuées vers l'hôpital Robert-Ballanger à Aulnay-sous-Bois.
Les trappes mises en cause
La polémique a rapidement enflé dans le quartier. En cause, la manière dont la société Immobilière 3F gère ces HLM. Et ce sont surtout les conditions d'accès au toit par une trappe, qui ont fait l'objet de controverses. Comme l'explique Djamel, qui habite l'immeuble incendié : « c'est l'anarchie totale : ils ouvrent et ferment quand ils veulent. On n'a pas d'explication, on a juste la quittance de loyer dans la boîte aux lettres, avec des charges qui augmentent du jour au lendemain. Tout ça soit disant pour ne pas donner accès à des jeunes, pour qu'ils ne caillassent pas la police. C'est triste. »
« Les policiers ont cadenassé les trappes de toute la cité »
Aziz, l'un des habitants du quartier, a tenté de porter secours aux victimes dans les premiers instants. Selon lui, si l'incendie a fait des victimes, c'est à cause de ces « trappes cadenassées » : « la trappe d'évacuation vers le toit était fermée et cadenassée. Même les pompiers n'avaient pas les clés ; ils ont été obligés de la casser avec une hache ou une meule, pour passer par là pour descendre secourir les gens. Aujourd'hui, avec les jeunes qui montent sur les toits et jouent au chat et à la souris avec la police, les policiers ont cadenassé les trappes de chaque immeuble de toute la cité. »
« Ne pas confondre l'accès à la toiture et l'aération »
Des accusations que Jean-Marie André, directeur adjoint de l'Immobilière 3F, la société gérante de cet HLM, réfute : « Il ne faut pas confondre l'accès à la toiture et l'aération. Les fumées ont été évacuées, par la grille alvéolaire destinée à cet effet. Pour des raisons de sécurité, les accès à la terrasse sont en général cadenassés, pour éviter que les dealers ne montent sur les toits et caillassent la police. A notre connaissance, il n'y avait pas de cadenas, depuis plusieurs jours, puisqu'ils étaient régulièrement cassés par les dealers. »
Le procureur de Bobigny a en effet affirmé que la "trappe" de sécurité mise en cause, « disposait d'un système de ventilation et était aux normes en vigueur ».
« La police demande de fermer pour pouvoir intervenir »
Face à ce problème des trappes de secours, « qui touche toutes les villes de banlieue un peu compliquées », Stéphane Gatignon, le maire PCF de Sevran, tient à préciser : « C'est un quartier très difficile, où il y a un gros trafic de stupéfiants. Et c'est vrai que la police demande à ce que les trappes de désenfumage soient non accessibles, bouclées souvent par des cadenas, cassables par les pompiers. La police demande de fermer pour pouvoir intervenir, parce qu'il y a des individus qui montent sur les toits et qui balancent des pavés aux forces de l'ordre ou aux pompiers quand ils interviennent. Comme le bailleur, nous sommes confrontés à ça. Mais en même temps, c'est la sécurité des gens qui compte. »