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"Il doit se protéger": l'avocat du policier accusé du tir mortel sur Nahel affirme qu'il a dû "déménager loin"

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L'avocat du policier auteur présumé du tir qui a causé la mort de Nahel à Nanterre le 27 juin a salué la remise en liberté sous contrôle judiciaire de son client, déplorant toutefois ses nouvelles conditions de vie, face aux menaces de mort qu'il a reçues.

Il décrit son client comme "soulagé". Laurent-Franck Liénard, l'avocat du policier Florian M., auteur présumé du tir qui a causé la mort du jeune Nahel à Nanterre, le 27 juin dernier, a salué ce jeudi 16 novembre la remise en liberté sous contrôle judiciaire de son client tout en déplorant ses nouvelles conditions de vie: dans une autre ville et sous protection.

"Il vit dans une autre ville que celle où il habitait avant, il a déménagé loin" car "il a été menacé de mort", a fait savoir Laurent-Franck Liénard sur BFMTV.

"C'est une des choses qui sont insupportables dans ce dossier: il a fait son travail, et pour avoir fait son travail, maintenant il doit se protéger, il doit vivre de manière anonyme et c'est évidemment très très lourd à gérer", a ajouté l'avocat.

"Ce policier n'avait rien à faire en prison. (...) Il a utilisé son arme dans un cadre légal, c'est à dire en application d'un texte qui l'autorisait à le faire", a également défendu Laurent-Franck Liénard sur notre antenne. "Cette détention était manifestement politique et c'est pour ça qu'elle est tout à fait insupportable pour nous".

Décisions des juges d'instruction

Les juges d'instruction chargés de l'enquête qui ont pris la décision de remettre en liberté Florian M. ont estimé qu'il n'y avait plus de risque de concertation avec tous les protagonistes (l'autre policier présent sur les lieux des faits, notamment), les témoins et les parties civiles, qui ont tous été entendus.

Le policier est sorti de la prison de la Santé de Paris mercredi vers 17h30 et a été hébergé dans un domicile qui n'est pas celui d'origine et qui est placé sous surveillance, selon les informations de BFMTV. Il a interdiction d'entrer en contact avec les témoins et les parties civiles, de paraître à Nanterre et de détenir une arme.

À l'heure actuelle, Florian M. est toujours mis en examen pour homicide volontaire et n'a pas été acquitté. Dans les temps à venir, les juges d'instruction vont continuer l'enquête. Ils décideront alors de le renvoyer devant une Cour d'assises, soit de ne pas le faire.

"Il va lui falloir plusieurs semaines à mon avis pour reprendre pied et puis après il verra bien ce qu'il voudra faire", notamment sur le plan professionnel, potentiellement au sein de la police, explique son avocat. "C'est lui qui décidera en fonction de l'endroit où il vivra, de ce qu'on lui proposera", a-t-il détaillé.

Nunez dénonce la "présomption de culpabilité"

Ce jeudi sur RMC-BFMTV, le préfet de police Laurent Nunez, qui dirige la police de Paris, a "pris acte" de cette décision judiciaire. Tout en affirmant n'avoir "aucun commentaire à faire", il a rappelé que "les policiers bénéficient aussi d'une présomption d'innocence", disant en avoir "marre de cette présomption de culpabilité systématiquement quand il y a usage d'arme et qu'il y a des blessés parfois des tués".

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a quant à lui estimé sur RTL que les magistrats "doivent faire attention" au fait que les forces de l'ordre "ne sont pas absolument des citoyens comme les autres lorsqu'ils agissent en tant que policier ou gendarmes".

En juillet, le Directeur général de la police nationale avait estimé qu'"avant un procès, un policier n'a pas sa place en prison" et avait bénéficié du "soutien" du préfet de police et du ministre de l'Intérieu.

Jean Messiha, qui a lancé la cagnotte en soutien à Florian M. et à sa famille (actuellement bloquée dans le cadre d'une procédure judiciaire), a considéré sur BFMTV qu'il était "anormal qu'un policier soit en [détention] préventive pendant quatre mois et demi dont un mois au cours duquel il ne pouvait voir ni sa femme et ni son enfant en bas âge".

"Le traitement qui a été réservé à ce policier, qui a un état de service exemplaire" est "scandaleux", a défendu le polémiste d'extrême-droite.

Il a mis en comparaison "le laxisme de la justice par rapport à des criminels ou des délinquants chevronnés qui eux n'ont pas le droit à cette main lourde d'un certain nombre de magistrats".

Glenn Gillet