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Il commandait des viols d'enfants aux Philippines: le procès de l'horreur s'ouvre à Paris

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Cet ancien graphiste de Disney et Pixar, aujourd'hui âgé de 59 ans, contactait l'entourage de mineurs aux Philippines afin de les pousser à agresser sexuellement ou violer des enfants, et aurait déboursé plus de 50.248 euros. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Une affaire épouvantable. Un homme de 59 ans est jugé à partir de ce mardi 29 octobre devant les assises de Paris pour avoir commandité et visionné en direct sur internet les viols et agressions sexuelles d'enfants aux Philippines. Bolhem Bouchiba, qui a notamment travaillé pour les studios Pixar ou encore Disney, sera jugé par la cour d'assises pour des faits de complicité de viols et d'agressions sexuelles en récidive sur mineurs.

Il est aussi poursuivi pour complicité de traite d'êtres humains aggravée sur mineur en récidive, détention d'images pédopornographiques en récidive et consultation habituelle de contenu pédopornographique en ligne.

Actes commis par des membres de la famille des victimes

Il est notamment reproché à l'accusé d'avoir, entre 2012 et 2021, payé des femmes philippines pour qu'elles violent et agressent sexuellement des petites filles, âgées entre 3 et 15 ans, devant une webcam, lui permettant d'assister à la scène.

Son mode opératoire était presque toujours identique: il entrait d'abord en contact avec des femmes, sur des plateformes légales de shows sexuels entre adultes.

"Il demande à ce qu'on lui fournisse une fillette pour certains actes d'abus sexuels. Il discute du prix, elle dit oui ou non, et soit c'est son propre enfant, soit elle va trouver un enfant soit chez un voisin soit dans la rue. La plupart des actes auraient été commis par les propres mères des enfants", déclare à BFMTV, Agathe Morel, avocate pour l’association Agir contre la prostitution des enfants.

Les discussions migraient ensuite sur des plateformes de messageries, comme WhatsApp ou Skype, sur lesquelles il sollicitait des violences sexuelles sur des fillettes, la plupart âgées de 5 à 10 ans, et au moins une fois, une enfant de 2 ou 3 ans. Il indiquait aux enquêteurs que la moitié des femmes refusaient, s'indignant de l'illégalité de la pratique. Les autres, elles, négociaient les tarifs.

Pendant ces shows, Bolhem Bouchiba donnait des directives en direct via l'onglet de discussion et indiquait se masturber. Les enfants subissaient le plus souvent des viols par pénétration digitale mais aussi des mises en scènes sadiques. Le montant des shows pouvait varier de 50 à 100 euros.

Il est aussi poursuivi pour complicité de traite d'êtres humains aggravée sur mineur en récidive, détention d'images pédopornographiques en récidive et consultation habituelle de contenu pédopornographique en ligne.

Des dizaines de milliers d'euros dépensés

Le 4 octobre 2021, ce père de deux enfants déjà condamné en 2009 pour agression sexuelle sur sa belle-fille mineure qui résidait aux États-Unis était interpellé à l'aéroport de San Francisco, alors qu'il se rendait en France, puis placé en garde à vue.

En audition, ce dernier reconnaissait spontanément être consommateur de shows sexuels via webcam mettant en scène des femmes philippines, ainsi que de sites pédopornographiques.

Au total, l'enquête permettait d'établir que Bolhem Bouchiba avait déboursé plus de 50.248 euros sur la période. Il estimait quant à lui avoir été en contact avec 24 femmes, et estimait avoir déboursé 10.000 euros pour environ 200 abus sexuels. Il précisait en outre que certaines femmes le contactaient spontanément.

Incarcéré depuis trois ans

L'accusé était déjà inscrit au Fijais, le fichier des délinquants sexuels, après une condamnation pour des faits reconnus d'agression sexuelle sur sa belle-fille, en 2009. L'homme incarcéré depuis trois ans reconnaissait aussi consulter régulièrement des images à caractère pédopornographique depuis son téléphone, niant toutefois les télécharger.

"C’est quelqu'un qui est dans un chemin de réflexion sur qui il est, qui il était, qui il veut devenir. Il se bat aussi contre ses démons, il faut le rappeler, il va venir pour assumer tout", souligne pour sa part, toujours à BFMTV, Me Romain Ruiz, défenseur de celui qui risque la réclusion criminelle a perpétuité. Le procès est prévu sur trois jours, jusqu'au 31 octobre.

Aucune victime n'a en revanche pu formellement être identifiée. Dans l'ordonnance de mise en accusation que BFMTV a pu consulter, les magistrats soulignent le fait qu'une "incertitude sur l'âge réel des enfants abusés sexuellement persiste, notamment compte tenu de l'absence de collaboration des autorités philippines, qui ne nous ont pas fait de retour sur les identifications et auditions des fillettes."

Les premières expertises menées au cours de l'enquête concluaient à l'absence d'affection mentale chez l'accusé, mais mettaient en évidence "un aménagement paraphilique de personnalité, à connotation pédophile et sadique" mais aussi "pervers."

L'expertise psycho-sexuelle, au début de l'enquête, avait mis en évidence chez lui un trouble pédophilique et sado-masochiste, avec un risque de récidive important, qui a conduit à une injonction de soins, permettant deux ans plus tard "une évolution positive", avec une compréhension de la gravité des actes, notent les juges d'instruction dans l'ordonnance de mise en accusation.

Problème majeur aux Philippines

Aux Philippines, la pédocriminalité est un sujet important et on estime, en 2022, qu'un enfant sur 100 avait été abusé sexuellement par son environnement direct en échange de sommes d'argent.

"Les pédocriminels commanditent des viols, des mises en scène d’enfants, un bébé, un enfant et un animal. Il n’y a plus de limites dans l’horreur, ils trouvent que c’est très facile avec dix ou vingt euros", conclut à notre antenne Laurence Ligier, directrice de l’association CAMELEON qui protège les enfants des violences sexuelles.

On estime à 500.000 les enfants victimes de viols en live streaming aux Philippines.

Alexandra Gonzalez avec Hugo Septier et AFP