"Ils ne répondent pas du tout": Telegram critiqué pour son laxisme vis-à-vis de la pédocriminalité

Arrêté samedi à son arrivée à Paris, Pavel Durov, le fondateur de la plateforme Telegram est toujours en garde à vue et doit voir son avenir être décidé dans les prochaines heures. Mais au fur et à mesure des jours, on en apprend un peu plus sur les coulisses de la modération sur la plateforme, ou plutôt sur l’absence de modération, comme le pointe du doigt NBC News.
Il ressort de plusieurs entretiens avec des associations de protection de l’enfance que Telegram "ignore" tout simplement la plupart des demandes de retrait d’éléments liés à la pédopornographie.
Des méthodes de modération "opaques"
"Telegram est vraiment un cas à part en ce qui concerne le manque de modération du contenu, ou même pour la prévention des activités d’exploitation sexuelle des enfants," estime John Shehan, vice-président d’une association qui lutte contre l’exploitation des enfants. "Ils ne répondent pas du tout" résume-t-il, concernant les signalements de contenus pédopornographiques.
C’est de ça dont il est question pour son arrestation en France, puisque le procureur de Paris a annoncé que Pavel Durov était accusé - entre autres - de "complicité de détention de l’image d’un mineur présentant un caractère pédopornographique". Et ce, en raison de l'absence de modération de sa plateforme concernant ce type de contenus.
Telegram a assuré à NBC News utiliser plusieurs éléments pour la modération, dont la "surveillance proactive" des groupes publics, des outils d’intelligence artificielle et les signalements des utilisateurs, notamment pour les groupes privés. La plateforme tient d’ailleurs un groupe spécifiquement dédié à cette modération.
Des liens renvoyant vers Telegram
Problème: Telegram n’interdit pas explicitement le partage sur les groupes privés de photos impliquant de la nudité chez des mineurs, comme elle le fait sur les groupes publics.
Une manière d’opérer inédite, puisque la totalité des réseaux sociaux, comme Tiktok, Instagram ou encore Onlyfans travaillent activement avec des associations pour éviter les abus, précise Heidi Kempster, une des portes paroles de l’Internet Watch Foundation au Royaume-Uni: "D’après nos observations, Telegram est de plus en plus utilisé pour mettre des images pédopornographiques à la disposition des délinquants".
"Dans de nombreux cas, nous voyons des liens ou des comptes Telegram être publiés sur des forums ou d’autres plateformes sociales qui agissent comme un entonnoir pour générer du trafic vers du contenu illégal" ajoute-t-il.
L'association regrette les "pratiques de modération opaques" de Telegram: "Nous n’avons vraiment aucune idée de la manière dont elles fonctionnent," ajoutant ne jamais recevoir de confirmation ou de retour de la plateforme dans le cas d’une modération.