"Il avait un regard vide et déterminé": comment s'est déroulé le face-à-face à la préfecture entre Mickaël Harpon et le jeune policier qui l'a abattu

Une semaine après l'attaque meurtrière dans laquelle quatre personnes sont mortes, le gardien de la paix stagiaire qui a neutralisé l'assaillant souhaite rester discret, par peur de représailles.

Il était environ 13 heures jeudi dernier. Jonathan, gardien de la paix stagiaire de 24 ans en poste depuis six jours à la préfecture de police de Paris, se trouve à l'entrée du bâtiment de l'île de la Cité avec deux collègues. Affecté à la garde statique, il est armé de son pistolet.

Une femme surgit, paniquée et en larmes: "Venez vite, il y a un terroriste qui a poignardé plusieurs collègues", dit-elle.

Mickaël Harpon vient de poignarder à mort quatre personnes dans les bureaux et l'escalier de la préfecture de police, avant de se rendre dans la cour d'honneur, où il tombe nez à nez avec Jonathan.

Une dizaine de sommations

"Il avait un regard vide et déterminé", a expliqué Jonathan aux enquêteurs de la Brigade criminelle.

À une dizaine de reprises, le policier demande à l'assaillant de lâcher son couteau, mais ce dernier n'obéit pas aux sommations d'usage et se met à avancer. Jonathan tire à deux reprises, une première fois dans le torse puis une seconde dans le ventre. Une minute s'est écoulée entre le moment où il a été prévenu et celui où il a fait feu. Un homme, présent à ce moment-là, a salué le "sang-froid de ce jeune policier".

La crainte de représailles

Immédiatement après les faits, le gardien de la paix est conduit à la cellule d'aide psychologique mise en place par la préfecture de police. Il a ressenti le besoin de parler avec l'un de ses formateurs de l'école de police de Nîmes, pour "partager son expérience".

"Son attitude et sa réactivité ont été purement et simplement exemplaires", réagit Sylvain Birembaut, chef du département des compétences au sein de l'établissement.

Depuis une semaine, le jeune homme n'est pas encore retourné travailler. Il a indiqué qu'il allait bien, mais aussi redouter des représailles sur lui ou ses proches. Originaire d'Auvergne, il a été diplômé en août dernier de l'école de police de Nîmes. À terme, il voudrait intégrer une équipe cynophile en Île-de-France.

Raphaël Maillochon avec Clarisse Martin