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Police-Justice

Hauts-de-Seine: 12 à 15 ans de prison requis contre un psychologue accusé de viols

Au moment des faits, l'homme avait déjà interdiction d'exercer après une précédente condamnation pour agression sexuelle

Au moment des faits, l'homme avait déjà interdiction d'exercer après une précédente condamnation pour agression sexuelle - Pixabay

Trois femmes accusent le thérapeute de les avoir violées. Le docteur en psychologie clinique assure de son côté avoir agi dans le cadre d'une "thérapie corporelle"

Une peine de 12 à 15 ans de réclusion criminelle a été requise mercredi à l'encontre d'un psychologue accusé de viols par trois de ses patientes alors qu'il avait interdiction d'exercer après une précédente condamnation pour agression sexuelle.

Trois femmes, âgées aujourd'hui de 29, 32 et 52 ans, accusent le thérapeute de les avoir violées. Deux d'entre elles parlent de pénétration digitale, tandis que la plus âgée fait état de rapports sexuels non consentis.

"Thérapie corporelle"

Maurice Moulay, docteur en psychologie clinique, parle lui de "thérapie corporelle", une "pratique à risque en France", dénonce-t-il. "Dès l'instant où on touche le corps, vous êtes condamné. Oui, je touche le corps pour soigner les gens, tout simplement", s'est-il justifié. "En Belgique, au Canada, en Allemagne, il y a d'autres techniques que de rester allongé des dizaines d'années sur un divan".

Des arguments fustigés par l'avocat général, Dominique Borron: "Pour lui, les gestes, le bandeau sur les yeux, les caresses sur les seins, même les viols relèvent de la thérapie". Condamné en 2009 pour agression sexuelle par le tribunal correctionnel d'Evry à cinq ans de prison dont un ferme, il avait depuis cette date interdiction d'exercer. 

Il avait également été condamné en 1996 pour viol par la cour d'assises des Yvelines à 12 ans de réclusion criminelle, et en 2014 par le tribunal correctionnel de Nanterre à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour agression sexuelle. A chaque fois, les victimes étaient des patientes.

"J'étais subjuguée par ses connaissances"

"Compte tenu des multiples antécédents de Maurice Moulay, vous ne pouvez qu'avoir une réponse de sévérité, même s'il a 70 ans", a réclamé l'avocat général. Deux des victimes présumées ont décrit le processus de soumission dans lequel elles sont entrées. "Il m'a dit qu'il ne fallait pas que je le considère comme un homme, mais comme un thérapeute", a raconté Elodie, très émue, à la barre. Elle s'est rappelée les séance de "relaxation", les demandes de Maurice Moulay lui intimant de se déshabiller, les caresses gênantes.

"C'était tétanisant et du coup ça bloque la parole", a rapporté la jeune femme. Interrogée par l'avocat général sur les raisons qui ont fait qu'elle retournait voir le thérapeute, elle a évoqué une "prise de conscience difficilement acceptable". "J'ai fait confiance naïvement. Et j'étais subjuguée par ses connaissances", a-t-elle expliquée.

C.R. avec AFP