Harcèlement sexuel: une plainte jugée irrecevable

Samira, secrétaire de 37 ans, a aujourd'hui le sentiment de s'être battue pendant 3 ans "pour rien"... - -
Le harcèlement sexuel impuni. C’est un peu ce qui se passe depuis quelques jours en France. Le Conseil constitutionnel a abrogé la loi sur le harcèlement. Les plaintes ne peuvent donc plus être jugées par un tribunal. C’est ce qu’a vécu Samira qui a vu sa plainte jugée irrecevable par la 31e Chambre correctionnelle de Paris. A l'annonce de la décision du tribunal, Samira, secrétaire de 37 ans, s'est ruée sur le prévenu de 72 ans, contre lequel elle a déposé plainte il y a 3 ans pour harcèlement et agressions sexuels. Elle l'a pris par le col de sa veste en criant : « T'as gagné ! Il m'a touché, il a gagné », avant d'éclater en sanglots. Depuis lundi, elle est en arrêt maladie.
Le harceleur présumé est un ancien président de l'Amicale des retraités de la Banque de France. Le parquet a promis d'examiner les faits sous un autre jour. Le harceleur présumé pourrait ainsi être poursuivi pour agression sexuelle. Mais cela implique un nouveau procès, de nouvelles confrontations, une nouvelle procédure, toujours difficile à supporter pour les victimes, précise Marylin Baldeck, déléguée générale de l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).
« Trois ans de combat pour rien »
Samira est toujours secrétaire, c'est son agresseur qui a démissionné. Quand la décision du tribunal est tombé, elle a eu du mal à se contenir : « Il y a une colère, une incompréhension, une injustice. Ça a quand même été trois ans de combat. On a le résultat aujourd’hui : rien, le néant. Pour moi, on l’a plus protégé lui que moi. J’ai pleuré et je me suis agrippée à mon agresseur, je l’ai un peu secoué parce que c’était plus fort que moi, j’ai pas maîtrisé cet acte. Parce que moi je sais ce que j’ai subi et lui aussi sait qu'il m'a touché le cou, les seins, le sexe. Et je ne suis pas la seule malheureusement ».