Francis Heaulme renvoyé devant les Assises pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz

Francis Heaulme a été renvoyé devant les assises, par une décision jeudi de la chambre de l'instruction de la Cour d'Appel de Metz. Le tueur en série sera donc jugé pour un double meurtre d'enfants jamais élucidé en 1986. Son avocate a aussitôt annoncé son pourvoi en cassation.

Le meurtrier en série Francis Heaulme a été renvoyé devant les assises, par une décision rendue jeudi matin par la chambre de l'instruction de la Cour d'Appel de Metz.
Francis Heaulme sera donc jugé pour un double meurtre d'enfants perpétré en 1986 à Montigny-lès-Metz, Moselle. Par deux fois, ce crime jamais élucidé avait valu une condamnation à Patrick Dils, avant que celui-ci ne fût innocenté, après 15 ans derrière les barreaux.
La décision de la chambre de l'instruction, conforme aux réquisitions du parquet, va donc entraînera un quatrième procès dans cette affaire hors norme vieille de bientôt 27 ans.
Aussitôt après l'annonce, Me Liliane Glock, l'avocate de Francis Heaulme, a fait savoir que son client allait se pourvoir en cassation contre cette décision de renvoi devant une cour d'assises.

Un atroce double meurtre d'enfants

Dans la soirée du 28 septembre 1986, les corps d'Alexandre Beckrich et de Cyril Beining, deux garçons de 8 ans, avaient été retrouvés le crâne fracassé à coups de pierre sur le talus d'une voie ferrée où ils étaient venus jouer, non loin de leur domicile, dans la banlieue de Metz.
Patrick Dils, âgé de 16 ans au moment des faits, avait été condamné à la réclusion à perpétuité, en 1989, pour ces crimes qu'il avait avoués - comme deux autres suspects avant lui - avant que son affaire ne soit révisée, une procédure tout à fait exceptionnelle.
Condamné à nouveau à 25 ans de réclusion par la cour d'assises de la Marne, Patrick Dils avait finalement été acquitté en appel à Lyon, en avril 2002.
La présence avérée de Francis Heaulme sur les lieux du crime ainsi que de nombreux autres indices donnent à penser que le tueur en série pouvait en être l'auteur avaient été déterminants dans la décision de révision de son procès.

Un mode opératoire similaire

Ni aveux, ni preuve matérielle ne viennent cependant étayer la thèse de la culpabilité de Francis Heaulme et malheureusement, la destruction des scellés interdit toute recherche d'empreintes génétiques.
Surnommé « le routard du crime », Francis Heaulme est en prison depuis 1992 et purge, à 54 ans, sept condamnations pour meurtres, dont deux à perpétuité.
A l'époque des faits, il travaillait à proximité du lieu où ont été tués les deux enfants et a reconnu être passé près du talus ce jour-là, disant même avoir vu les enfants qui lui auraient jeté des pierres. Deux pêcheurs affirment avoir croisé Heaulme le même jour, le visage ensanglanté.
Lors d'une contre-enquête menée avant la révision du procès Dils, les gendarmes avaient cru percevoir sa « quasi-signature criminelle » dans le mode opératoire du double meurtre. Le serial killer a déjà tué avec des pierres et a déjà été condamné pour un meurtre d'enfant.
Mis en examen le 9 juin 2006 dans le cadre d'une nouvelle instruction sur l'affaire de Montigny-lès-Metz, Francis Heaulme avait pourtant bénéficié d'un non-lieu, 18 mois plus tard.
Fait inhabituel, le parquet, qui n'avait pas requis son renvoi devant les assises, a fait appel, obtenant le 26 juin 2008 un supplément d'information portant notamment sur l'audition de plusieurs témoins et ordonnant une expertise sur les photos des cadavres des victimes.

Alexandre Le Mer avec agences