Femmes et enfants retenus en Syrie: des familles portent plainte contre Le Drian

Roxana Maracineanu - AFP
Une dizaine de familles de femmes et d'enfants français retenus dans des camps kurdes en Syrie ont porté plainte contre le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour "omission de porter secours" en refusant de les rapatrier, a appris lundi l'AFP de sources concordantes.
Elles reprochent au chef de la diplomatie française de refuser, de manière "pesée, volontaire et intentionnelle", de rapatrier ces femmes et enfants de jihadistes alors qu'ils sont "en situation de péril", selon ces plaintes déposées devant la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée à juger des ministres dans l'exercice de leurs fonctions. Ces plaintes ont été déposées en juillet et en septembre par les avocats Marie Dosé, Henri Leclerc et Gérard Tcholakian.
Conditions de détention calamiteuses
"Depuis des mois, les Kurdes n'ont de cesse d'exhorter les Etats à prendre leurs responsabilités et à rapatrier leurs ressortissants", observent les familles dans ces plaintes, également révélées par Le Monde. Or, jusqu'ici, le gouvernement français n'a accepté de rapatrier des enfants de ces camps qu'au "cas par cas". Après des mois de tergiversations dans un contexte de forte hostilité de l'opinion, Paris a ainsi rapatrié, le 10 juin, 12 enfants, dont la majorité étaient des orphelins, après cinq rapatriements en mars. "Cette politique dite du 'cas par cas' vise avant tout à laisser plus de deux cents enfants et leurs mères exposés à des traitements inhumains et dégradants et à un risque de mort imminent", s'alarment les plaignants.
Températures extrêmes aussi bien en été qu'en hiver, manque d'eau et de vivres, épidémies de tuberculose ou encore de choléra, absence de soins... Ils décrivent des conditions qui ne cessent d'empirer dans ces camps, où règne par ailleurs un "climat d'insécurité" croissant. "C'est un choix politique de ne pas sauver ces enfants et ces mères détenus arbitrairement", a réagi Marie Dosé, affirmant qu'un enfant français de 12 ans était mort la semaine dernière dans le camp d'Al-Hol. "A un moment, il faut assumer pénalement ce choix politique", a-t-elle estimé.
La CJR doit se prononcer
La commission des requêtes de la Cour doit désormais se prononcer sur la recevabilité des plaintes.