Femme battue à Castres: "Je me suis séquestrée moi-même"

Billie, 31 ans, subit depuis quatre ans les coups de son mari violent. - -
De la main, Billie désigne le sol de la cave où elle s'est réfugiée durant trois jours, pour échapper aux coups de son mari en furie. "Je me suis allongée et je dormais ici", lâche-t-elle d'une voix atone. La jeune femme de 31 ans a été contrainte de boire son urine pour survivre dans cette pièce de 4 m2, sans nourriture ni eau. "Je me suis séquestrée moi-même..."
Les faits se sont produits il y a dix jours, à Castres, dans le Tarn. Billie est chez elle quand son mari rentre, vers 22 heures, en état d'ébriété. "Il a commencé à me violenter. Il m'a fracassé la tête sur la fenêtre de la chambre, il m'a traînée de la chambre au couloir. Du couloir à la porte, il m'a carrément donné un coup de pied", confie-t-elle à RMC.
Prise de panique, la jeune femme prend les escaliers à la volée et descend à toute vitesse dans la cave de l'immeuble. Son époux ne la suit pas. Elle barricade alors la porte avec une béquille, et reste là, prostrée. Pas d'amis ni de famille: Billie n'a nulle part ailleurs où aller. Son calvaire va durer trois jours, jusqu'à ce qu'une voisine comprenne la situation et alerte les pompiers, qui viennent la délivrer.
"Les policiers m'ont toujours aidée. Pas les juges"
Cela fait quatre ans que, prise au piège, Billie subit la violence de son conjoint. "Je n'ai plus rien, je n'ai pas de famille. Je me soumets, j'essaie de survivre, c'est tout. Hier soir, alors que j'étais sur le balcon au cinquième, je voulais carrément sauter. Je n'en peux plus. Là, je devais commencer à travailler, je ne peux pas y aller avec des coquards, des bleus...", souffle-t-elle dans un sanglot, les mains jointes sur les genoux.
Billie vient de demander le divorce. Son époux, lui, est en garde à vue, et doit être jugé jeudi en comparution immédiate. Ce ne sera pas la première fois pour lui, comme elle l'explique. "Les policiers ont toujours fait leur devoir. Ils m'ont toujours aidée. Lui a été condamné en 2011 à 4 mois de prison ferme, mais on ne l'a jamais enfermé. Ce sont les juges qui n'ont pas fait leur boulot".