Explosion mortelle à Carling: 200.000 euros d'amende requis contre Total

Sept ans que les victimes attendaient ce procès après l'explosion dans l'usine de Carling qui avait causé la mort de deux personnes. Au terme de cinq jour d'audience, le parquet de Sarreguemines, en Moselle, a requis vendredi soir 200.000 euros d'amende contre Total Petrochemicals France et une peine de deux ans de prison avec sursis et 40.000 euros d'amende à l'encontre du directeur du site de l'époque. Le tribunal a mis la décision en délibéré au 13 juin.
Le vice-procureur de la République, Olivier Gladys, a demandé au tribunal de reconnaître TPF coupable d'homicides involontaires, dans un réquisitoire de près de deux heures. "La faute de Total passe par l'absence de mesures destinées a empêcher les conditions (qui auraient été) de nature a empêcher l'explosion", a-t-il dit. Quant au directeur de l'époque, Claude Lebeau, il semblait enfermé "dans une tour d'ivoire dont on a voulu obstinément fermer les trappes de vue", où "plus aucune information ne l'atteint".
Le 15 juillet 2009, Maximilien Lemerre, 21 ans, et Jérôme Griffoul, 27 ans, avaient trouvé la mort alors qu'ils intervenaient pour relancer l'un des deux vapocraqueurs du site, coupé deux jours plus tôt en raison d'orage. Six autres employés de l'usine avaient été blessées.
Revenant longuement sur les circonstances du drame, le représentant du parquet a mis en avant deux victimes "novices" qui faisaient partie d'une "équipe inexpérimentée", amenée à mettre en oeuvre un "mode opératoire défaillant, approximatif". "Les communications étaient brouillées entre la salle de commandement et les opérateurs", a-t-il relevé. Il a aussi pointé une "ambiance électrique", le "stress" et "la précipitation, attisée par des revers pour réactiver l'unité" de production.
Tout en notant "une culture d'entreprise qui est assurément une culture de l'émulation entre les équipes, une volonté de bien faire" chez Total, il a affirmé que celle-ci était accompagnée d'une "culture de l'improvisation", avec une "injonction de produire à tout prix". Il est aussi revenu sur la vétusté du surchauffeur du vapocraqueur numéro 1 du site. "Les techniciens étaient dramatiquement conscients de la technologie obsolète des détecteurs de flamme", a estimé le représentant du ministère public.