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Police-Justice

Expertisée par Servier, elle fait un arrêt cardiaque

Une ancienne utilisatrice du Médiator a été victime d'un arrêt cardiaque à l'issue de quatre heures de tests menés par le fabricant du médicament, les laboratoires Servier.

Une ancienne utilisatrice du Médiator a été victime d'un arrêt cardiaque à l'issue de quatre heures de tests menés par le fabricant du médicament, les laboratoires Servier. - -

Une femme de 57 ans, « victime » du Médiator, a fait un arrêt cardiaque samedi à l'issue d'une expertise judiciaire éprouvante menée par les laboratoires Servier. Elle a frôlé la mort.

Selon le docteur Irène Frachon - premier médecin à avoir publiquement alerté des dangers potentiels du Médiator -, qui révèle l'histoire, cette ancienne utilisatrice de 57 ans vit depuis plusieurs années « en sursis avec une insuffisance cardiaque dramatique, un pacemaker et deux prothèses valvulaires ».
Un état de santé précaire qui n'a manifestement pas poussé les experts des laboratoires Servier, fabricants du Médiator, à la retenue face à elle.
Samedi dernier, cette femme s'était rendue à l'hôpital de Rennes, en compagnie de son avocat, afin d'y subir une expertise judiciaire pouvant prouver un éventuel lien entre le Médiator et sa maladie.

4 heures d'interrogatoire, puis un test physique éprouvant

Sur place, elle doit faire face à un médecin, un cardiologue et un avocat envoyés par Servier. L'expertise dure quatre heures, pendant lesquelles son témoignage est systématiquement mis en doute. On lui réclame par exemple des certificats médicaux de plus de trente ans. Mais c'est en fin de séance que le plus dur arrive: on demande à la plaignante un test physique sur vélo, de plusieurs minutes.
Essoufflée et choquée par la manière dont elle a été traitée, elle se rend ensuite à la gare pour regagner son domicile brestois. Mais à peine installée dans le train, elle fait un brutal arrêt cardiaque. Heureusement, le train est toujours à quai. Les pompiers se précipitent et parviennent à faire repartir le coeur grâce à un défibrillateur.
Ce lundi, elle était toujours hospitalisée en soins intensifs.

« D'autres victimes seront dissuadées d'aller devant les tribunaux »

« On ne comprend pas qu'une personne porteuse de deux valves artificielles et d'un pacemaker, subisse quatre heures d'expertise, dont une épreuve d'effort sur bicyclette », réagit Gérard Bapt sur RMC. Le député PS, président de la mission d'enquête parlementaire sur le Médiator et lui-même cardiologue, déplore les faits. « Cette dame a, face à elle, une avocate connue pour son agressivité et deux médecins. L'un salarié de Servier, l'autre consultant de Servier. La technique est bien connue, et quelque part elle est en train de payer. Car en entendant cette affaire, d'autres victimes seront dissuadées d'aller devant les tribunaux ».