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Police-Justice

Emeutes à Amiens-Nord: 15 prévenus devant la justice

Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait été pris à partie par des habitants du quartier Nord d'Amiens, le 14 août 2012.

Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait été pris à partie par des habitants du quartier Nord d'Amiens, le 14 août 2012. - -

Les suspects comparaissent à partir de lundi, deux ans après les émeutes qui avaient embrasé les quartiers nord d'Amiens, en août 2012. Leurs avocats, qui dénoncent l'insuffisance des charges retenues contre eux, craignent de lourdes condamnations.

Ils sont quinze. Quinze jeunes gens, majeurs et mineurs, qui comparaissent à partir de ce lundi et pour six jours, en trois temps, devant la justice à Amiens. Tous sont soupçonnés d'avoir pris part aux violences qui avaient secoué les quartiers nord de la préfecture de Picardie, pendant l'été 2012.

C'est un contrôle de police, à proximité d'une cérémonie d'hommage à un jeune décédé dans un accident, qui avait servi de détonateur dans ce quartier aujourd'hui classé ZSP (zone de sécurité prioritaire). Le lendemain, lundi 13 août 2012, une "marche de la colère" avait été organisée devant la préfecture, pour dénoncer une présence policière jugée disproportionnée.

Puis, dans la nuit, plusieurs bâtiments publics - dont une école maternelle et une salle de sport - avaient été incendiés, et des policiers visés par des tirs. Le jour suivant, un jeune homme, visage dissimulé, avait revendiqué sur France 3 Picardie sa participation aux émeutes.

"Sous-fifres"

L'accusation, qui s'appuie sur une expertise vocale et sur le témoignage de sa mère, a identifié ce jeune homme comme le frère cadet du défunt. Son avocat, Me Guillaume Combes, est sceptique quant aux charges qui pèsent contre lui. "Peut-on raisonnablement condamner quelqu'un qui se vante de quelque chose? Est-ce que ça constitue un élément matériel?" s'interroge-t-il. Le conseil craint "de lourdes condamnations" du fait d'une affaire qui, il y a deux ans, avait "défrayé la chronique".

Avec lui sur le banc des prévenus, quatre autres jeunes de 16 à 19 ans, tous mineurs au moment des faits. Lundi et mardi devant le tribunal des enfants d'Amiens, ils vont devoir répondre de dégradations, d'incendies volontaires et de violences volontaires sur les forces de l'ordre.

Après eux, six majeurs âgés de 23 à 28 ans, poursuivis pour "dégradation", doivent être jugés jeudi et vendredi. Des jeunes gens que leur avocat, Me Arnaud Godreuil, qualifie de "sous-fifres". "Le but de l'instruction, c'était de trouver les meneurs, ceux à l'origine des guet-apens et qui avaient les armes en mains". A ses yeux, autrement dit, la justice se trompe.

Coquille vide

Un troisième volet de l'enquête concerne les tirs contre les policiers. Ces faits, instruits sur la qualification criminelle de "tentative d'assassinat", étaient passibles d'un procès aux assises. Mais les investigations n'ont pas permis d'identifier les tireurs. Six personnes seront dont jugées en correctionnelle, les 5 et 6 juin prochains, pour "complicité" et "dissimulation de preuves".

En tout, après les nombreux non-lieux prononcés dans ce dossier, seules 15 des 27 personnes mises en examen courant 2013 ont été renvoyées. Pour Me Godreuil, "le dossier fait pschitt".

M. T. avec AFP