Édouard Philippe soupçonné de conflits d'intérêts: la "lanceuse d'alerte" est une "héroïne" pour la présidente d'Anticor

Élise Van Beneden, présidente de l'association Anticor, sur BFMTV le 5 avril 2024 - BFMTV
"Une héroïne". Voilà comment, Élise Van Beneden, présidente de l'association Anticor, qualifie ce jeudi 4 avril sur BFMTV la plaignante qui a entraîné l'ouverture d'une enquête préliminaire visant, entre-autres, Édouard Phillippe pour des soupçons de "prise illégale d'intérêts, favoritisme, détournement de fonds publics et harcèlement moral".
Au lendemain de perquisitions à la mairie et au siège de la communauté urbaine du Havre, deux collectivités dirigées par l'ex-Premier ministre, l'avocate salue l'action entreprise par la plaignante. Avant de porter plainte, elle était entre septembre 2020 et avril 2023, directrice générale adjointe à la communauté urbaine.
"Alerter sur les dysfonctionnements dans notre société"
Élise Van Beneden appelle à "protéger" cette "lanceuse d'alerte", déclarant ensuite: "Au lieu que cette femme reste anonyme, parce qu'elle a probablement peur alors qu'elle a fait le bon choix, il faut qu'on dise haut et fort que c'est une héroïne."
Élise Van Beneden estime "qu'il faudrait que tous les fonctionnaires se comportent de cette manière, que tous se mettent à alerter sur les dysfonctionnements dans notre société."
Cette dernière avait mis en garde face à un potentiel conflit d'intérêts au sein de la collectivité. Lequel? L'histoire remonte à juillet 2020. Édouard Philippe n'est plus Premier ministre depuis le début du mois. Dans ses fonctions de président de la communauté urbaine du Havre, il signe avec Stéphanie de Bazelaire, qui agit alors en sa qualité de présidente bénévole de l'association LH French Tech, une convention d'objectifs pluriannuelle pour l'exploitation et l'animation de la Cité numérique du Havre.
Elle engage, sur 4 ans, le versement de 2,154 millions d'euros de compensation de service public pour mener à bien les projets. Problème: Stéphanie de Bazelaire, en plus d'être adjointe au maire, est également conseillère communautaire. Autrement dit, elle fait à la fois partie de l'organisme qui alloue les moyens et de celui qui les reçoit. Avant même que la plaignante ne soit recrutée, en septembre 2020, des juristes de la communauté urbaine ont émis des recommandations et alertes sur la situation de conflit d'intérêts dans laquelle se trouvait l'élue, selon Le Monde.
"Représailles"
Ensuite, "qu’est-ce qui lui est arrivé à cette femme? On lui a retiré le dossier et quand son CDD est arrivé à échéance, il n’a pas été renouvelé", déplore Élise Van Beneden. Cette décision du président de la métropole, Édouard Philippe, date d'avril 2023. Le motif avancé: un défaut d’expertise et d’implication.
"Donc ça, c’est le destin de lanceur d’alerte, de personnes qui disent qu’il y a des choses qui dysfonctionnent dans notre société. Et en fait, ils subissent des représailles", dénonce Élise Van Beneden.
Outre Stéphanie de Bazelaire et Édouard Philippe, la directrice générale des services de la communauté urbaine, Claire-Sophie Tasias, est visée par la plainte déposée en septembre dernier.
Sur BFMTV, le maire du Havre a déclaré ce mercredi: "Nous sommes à la disposition des magistrats et nous allons répondre à toutes les questions qu’ils posent pour démontrer très sereinement et de toute bonne foi que nous avons respecté les règles."