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Police-Justice

Drame de Melun : la famille veut porter plainte

Lundi soir, à Melun, Youssef 24 ans est mort noyé pour avoir voulu échappé à un contrôle de police alors qu’il fumait du cannabis sur les bords de la Seine

Lundi soir, à Melun, Youssef 24 ans est mort noyé pour avoir voulu échappé à un contrôle de police alors qu’il fumait du cannabis sur les bords de la Seine - -

Lundi soir à Melun, Youssef, 24 ans, est mort noyé après avoir voulu échapper à un contrôle de police alors qu’il fumait du cannabis sur les bords de la Seine. Deux jeunes et un policier ont plongé pour le sauver, sans succès. La famille du jeune homme compte porter plainte. Réactions.

Que s'est-il passé exactement à Melun (Seine-et-Marne) où Youssef, un jeune homme de 24 ans est mort noyé juste après un contrôle de police ? Il fumait du cannabis avec quatre amis sur les bords de la Seine dans la nuit de lundi à mardi, à 200 mètres du centre-ville, quand une patrouille de police l'interpelle. Le jeune homme tente alors de fuir en se jetant dans le fleuve. L'eau à 4 degrés et les courants très forts à cet endroit l'ont entraîné. Deux jeunes et un policier ont plongé pour le sauver, sans succès. Une enquête a été ouverte.

« Il voulait se remettre dans le droit chemin »

Youssef travaillait en intérim de façon très régulière dans la manutention et la maçonnerie. Il avait été condamné à quatre reprises pour vols, outrage et usage de produits stupéfiants. Sa plus grosse condamnation : 3 mois de prison ferme pour vol avec violence. Une peine qu’il avait exécutée en 2010. Ses amis ont déposé une rose blanche sur la rive, à l'endroit où Youssef s'est jeté à l'eau. Ils le décrivent comme un jeune homme travailleur, qui voulait se ranger après avoir eu des démêlés avec la justice. « Juste pour un contrôle, pour un joint, il est mort. Je suis un très bon ami de Youssef et on l’aime », confie, visiblement choqué, un de ses proches. « C’est quelqu’un qui voulait se remettre dans le droit chemin. Ça fait deux semaines que sa petite fille est née. Il travaillait, il ne trainait pas dans les rues », assure un autre de ses copains.

« Il était violent quand il était dans un état second »

Mais pour les voisins du jeune homme, ce portrait ne correspond pas tout à fait à ce qu’ils connaissaient de Youssef. « Il était assez violent quand il était dans un état second », explique un de ses voisins d’immeuble. « Une crevette : c’était une personne de petite taille, il n’était pas corpulent, mais c’est vrai, qu’il avait peur de rien. Quand il devait se battre, il se battait. Plusieurs fois il s’est même sauvé du commissariat de Dammarie-Les-Lys... Ça devait arriver ».

« Au lieu d’appeler les secours, ils ont appelé les renforts »

La police et les jeunes qui étaient présents au moment de l'interpellation n'ont pas la même version des faits. Pour les jeunes du quartier, la police n'a pas tout fait pour sauver Youssef, comme l’explique Sophiane, présent quand il a sauté à l'eau : « Au lieu d’appeler les secours, ils ont appelé les renforts. J’ai commencé à me déshabiller pour sauter, son frère était déjà à l’eau. Ils ont lâché les chiens pour ne pas que j’aille dans l’eau ».

« Ses copains lui ont conseillé de se jeter à l’eau »

De son côté la police assure que ce n’est pas ce qui s’est passé et qu’un agent a bien plongé pour sauver le jeune homme. « Ce sont ses copains qui lui ont conseillé de se jeter à l’eau. Je ne pense pas que ça vaille le coup de se jeter à l’eau pour éviter un contrôle de police. Surtout qu’on a failli perdre un fonctionnaire de police qui a failli se noyer, un autre jeune qui a perdu pied. On aurait pu avoir trois victimes », affirme James Dutertre, porte-parole du syndicat SGP Police à Melun.

Colère à Dammarie-Les-Lys

Conséquence de cette tragédie : de la colère dans le quartier de Youssef, à Dammarie-Les-Lys. Jusqu'à samedi, les jeunes du quartier de la Plaine du Lys comptent occuper la place du 8 mai 45, à Dammarie-les-Lys, là où habitait la famille de Youssef. Ils réclament la venue du ministre de l'Intérieur Manuel Valls dans leur quartier. Selon les associations de quartiers "Honoré de Balzac" et "Bouge qui bouge" de Dammarie-Les-Lys, c'est la 4e fois depuis 1997 qu'un jeune du quartier meurt lors d'une interpellation des forces de l'ordre. Le parquet de Melun a saisi la police judiciaire de Versailles afin de déterminer les circonstances exactes du contrôle.
La famille du jeune homme compte porter plainte pour « non-assistance à personne en danger ». Elle lance un appel au calme.

La Rédaction avec Sophie Delpont