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Police-Justice

Drame de Figeac : de bonnes questions et de mauvaises réponses

Le Parti pris avec Véronique Jacquier, sur RMC du lundi au vendredi à 8h20

Le Parti pris avec Véronique Jacquier, sur RMC du lundi au vendredi à 8h20 - -

Vendredi dans le Lot, une femme a perdu son bébé lors d’un accouchement prématuré sur une aire d’autoroute. Un drame qui permet de poser les bonnes questions sur les déserts médicaux... Mais qui apporte de mauvaises réponses.

Je vais commencer par choquer...Tout le week-end, on s'est demandé si ce drame terrible de la perte d’un bébé ne remettait pas en cause les fermetures des petites maternités. Et bien non. Regardons la réalité en face : toutes les maternités fermées depuis quinze ans pratiquaient moins de 300 accouchements par an, c'est à dire moins d'un par jour. Imaginez les équipes se tournant les pouces quand il n'y avait pas d'enfant à naître. Quel est l'argument avancé pour condamner ces petites maternités ? Le personnel n'est pas forcement qualifié pour pratiquer des accouchements à risque...
Dans le drame de Figeac, le gynécologue qui suivait la jeune femme l'a envoyée à la maternité de Brive à une heure et quart de voiture, une maternité réputée pour les accouchements difficiles. Il y avait deux maternités à une demi-heure de voiture, il y avait aussi l'hôpital de Figeac et ses urgences. Donc attention à la dictature de l'émotion, ce drame illustre les carences dans les prises en charge d'un accouchement difficile plus que les fermetures des petites maternités.

Ça illustre aussi les déserts médicaux et l'inégalité de l'accès aux soins...

Oui parce que les suppressions de petites maternités ont été décidé sans toujours tenir compte de la réalité. Premièrement, les grands centres de soins dans les grandes villes sont-ils facilement accessibles ? Ce n'est pas toujours évident. Deuxièmement, il y a de plus en plus de naissances en France, mais il y a de moins en moins de médecins accoucheurs ! C'est bien joli de fermer des maternités, ça s'imposait pour certaines, mais il aurait fallu anticiper la pénurie de médecins. La situation est très inquiétante, plus de gynécologue en France, 6 0000 soignants étrangers en renfort, la faute au numerus clausus et à l'assurance de plus en plus chère. Il faut faire 100 accouchements par an pour la rentabiliser, ce qui explique le manque de candidature en zone rurale.

Que faut-il faire pour éviter des drames et lutter contre les déserts médicaux ?

Il faut développer des urgences mobiles, réunir sur une même plate-forme le Samu, les pompiers, les ambulances, indispensables dans certains coins de la Corse ou de la Creuse. Ça, c'est une bonne réponse à apporter, le gouvernement y songe d'ailleurs. En revanche, François Hollande pense que des mesures incitatives vont suffire à faire venir des médecins dans des coins très reculés de notre beau pays. Les contraindre à aller au fin fond du Lot contre de l'argent, ça ne marche pas. Pour combattre les déserts médicaux, c'est tout l'aménagement du territoire qu'il faut revoir : la présence d'écoles, d'épiceries, de bureaux de tabac... Un médecin avec une famille va vouloir un lycée proche de la maison pour ses enfants. Les déserts médicaux sont souvent de grands déserts administratifs. On ne peut pas demander aux médecins d'accepter une telle traversée.

Pour écouter le Parti Pris de Véronique Jacquier de ce lundi 22 octobre, cliquez ici.

Véronique Jacquier