Disparition d'Estelle Mouzin: la demande de dépaysement de l'enquête a été acceptée

Estelle Mouzin a disparu en 2003. - AFP
"Favoriser la manifestation de la vérité". La Cour de cassation a accédé à la demande de dépaysement de l'enquête sur la disparition en 2003 d'Estelle Mouzin. Jusqu'alors instruite au tribunal de Meaux, elle le sera alors au tribunal de Paris, a appris BFMTV auprès de sources concordantes.
La demande avait été formulée par la procureure générale de Paris qui relayait un avis de la juge d'instruction en charge de l'enquête sur le meurtre de deux autres femmes impliquant Michel Fourniret, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece meurtres qu'il a reconnu il y a plus d'un an. Il y a quelques semaines, dans son bureau, Monique Olivier, l'ex-femme du tueur, avait évoqué la disparition d'Estelle Mouzin tout en assurant avoir des choses à dire. Mais la magistrate n'avait pas pu poser d'autres questions, n'instruisant pas ce dossier. Monique Olivier avait toutefois refusé d'évoquer le dossier avec la juge d'instruction de Meaux,.
"Des aveux en creux"
Quelques jours après Monique Olivier, au mois de mars, c'est Michel Fourniret qui a évoqué la disparition d'Estelle Mouzin. "Il faudrait creuser pour la trouver", a-t-il lancé avec sa perversité habituelle lors d'une audition devant la juge d'instruction parisienne, avant de se murer dans le silence. Des "aveux en creux", pour les avocats du père d'Estelle Mouzin. La juge d'instruction avait alors évoqué une demande de dépaysement du dossier, relayé par la procureur générale de la Cour de cassation. Toutes les parties avaient soutenu cette requête.
Alors âgée de neuf ans, Estelle Mouzin avait disparu un soir de janvier 2003, tandis qu'elle rentrait de l'école à Guermantes, en Seine-et-Marne. Son corps n'a jamais été retrouvé et les nombreuses pistes envisagées par les enquêteurs n'ont rien donné. Début 2007, la police avait une première fois mis hors de cause Michel Fourniret dans cette affaire. Six ans plus tard, l'expertise de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture n'avait pas non plus permis de trouver de traces de la jeune fille. L'avocat de Michel Fourniret avait alors rappelé que son client niait tout lien avec l'affaire.
La piste Fourniret
Mais pour les proches d'Estelle Mouzin, ce dépaysement de l'enquête va permettre d'aller jusqu'au bout des investigations. "Nous sommes évidemment très heureux de la décision de la Cour de cassation, a expliqué Didier Seban, l'un des avocats du père d'Estelle Mouzin. Cela va dans le sens d'un approfondissement de l'enquête." Juste avant de comparaître devant la cour d'assises des Ardennes en mars 2008, Michel Fourniret avait remis une lettre au tribunal où il évoquait les meurtres de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domece et Estelle Mouzin.
Pour les avocats du père d'Estelle Mouzin, il existe "une multitude d'éléments" qui évoquent la piste Fourniret. Outre cette lettre, Michel Fourniret connait bien cette partie de la Seine-et-Marne où il rendait visite à un ami, il disposait d'une photo d'Estelle Mouzin sur son ordinateur. Il a également été condamné pour le meurtre d'Elizabeth Brichet, une jeune fille de 12 ans, dont l'enlèvement rappelle celui d'Estelle Mouzin.
"Le parcours d'un tueur en série, c'est avant tout un parcours et non des faits sans lien entre eux, rappelle Me Didier Seban. Tout le travail fait par les enquêteurs ces dernières années nous permet de porter notre regard sur la piste Fourniret."