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Police-Justice

Deux ans ferme requis contre une prêtresse animiste pour abus de faiblesse

Une peine de 4 ans de prison, dont 2 avec sursis, ainsi que 750.000 euros d'amende a été requise à l'encontre d'une prêtresse animiste, accusée d'avoir assujetti ses fidèles afin de les exploiter et leur extorquer de l'argent

Une peine de 4 ans de prison, dont 2 avec sursis, ainsi que 750.000 euros d'amende a été requise à l'encontre d'une prêtresse animiste, accusée d'avoir assujetti ses fidèles afin de les exploiter et leur extorquer de l'argent - BORIS HORVAT, AFP/Archives

Une prêtresse animiste, accusée d'avoir extorquer de l'argent à ses fidèles, a été condamnée mardi à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, ainsi que 750.000 euros d'amende, par la cour d'appel de Versailles.

Cette femme de 67 ans qui se présente comme "grande prêtresse animiste" est poursuivie par douze de ses anciens fidèles, tous originaires des Antilles, qui assurent qu'elle et sa famille les ont placés sous emprise et ont abusé d'eux, parfois pendant 20 ans.

Lors de sa plaidoirie, Maitre Frédéric Aguillon, l'avocat de sept parties civiles, a décrit le processus de "rupture avec la famille", "la perte d'esprit critique" ou encore "l'engagement dans un processus d'endettement" qui constituent "quasiment tous les critères d'une dérive sectaire".

L'avocat général a requis deux ans de prison dont un assorti de sursis et 10.000 euros d'amende contre son mari et leurs filles jumelles, pour complicité. 

Mélite Jasmin se faisait surnommée "Maman"

Il a rappelé le parcours de certains de ses clients comme cette femme qui, souffrant de la séparation avec son mari, a trouvé dans un premier temps une communauté réconfortante chez Mélite Jasmin, surnommée "Maman". Très vite, elle devient "la couturière attitrée" de la famille, travaille de plus en plus, "même la nuit" et ne voit "plus ses enfants".

Certaines des victimes présumées ont contracté plusieurs prêts pour financer le culte, avec des versements allant jusqu'à 180.000 euros.

Une accusation entièrement remise en cause par Frédéric Délaméa, l'avocat des prévenus. Les versements à la famille Jasmin ? "Ce sont des affirmations unilatérales. Il n'y a rien d'autres que les déclarations des plaignants", a-t-il soutenu.Il s'est surtout attaché à montrer qu'on faisait "le procès d'une religion".

"Le problème, c'est que l'animisme est une religion mineure. Dans l'esprit public, c'est la religion des sauvages".

Des pratiques problématiques

Mélite Jasmin, qui officiait à Marly-la-Ville (Val-d'Oise), et pratiquait pour son culte les sacrifices de poulets et de chèvres, a également été déclarée coupable de sévices graves envers des animaux domestiques. 

Dès l'éclatement de l'affaire en 2008 après la diffusion d'une notice d'alerte des renseignements généraux, "une quarantaine de personnes se sont fait connaître pour décrire des pratiques problématiques. Ça ne peut pas être balayé d'un revers de la main", a-t-il souligné.

La décision a été mise en délibéré au 3 juillet.

N.Ga., avec AFP