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Police-Justice

Des policiers de la BRAV-M jugés pour des violences à caractère raciste en marge d'une manifestation

Des policiers de la BRAV-M à Paris, le 16 octobre 2022. (Illustration)

Des policiers de la BRAV-M à Paris, le 16 octobre 2022. (Illustration) - JULIEN DE ROSA / AFP

Ils comparaissent ce jeudi 3 avril au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), soupçonné d'avoir perpétré des violences et proféré menaces et insultes envers plusieurs personnes lors d'une manifestation le 20 mars 2023.

Ils comparaissent deux ans après les faits. Dix policiers de la Brigade de répression de l'action violente motorisée (BRAV-M) sont jugés au tribunal judiciaire de Bobigny ce jeudi 3 avril, soupçonnés d'avoir perpétré des violences à caractère raciste et proféré des menaces et des insultes à l'encontre de plusieurs personnes en 2023.

Le 20 mars 2023, juste après l'adoption de la réforme des retraites, la situation se tend lors d'une manifestation à Paris. Souleymane Adoum, un étudiant en commerce, cherche un endroit où dîner. Alors qu'il ne prend pas part au mouvement de protestation, il se retrouve face à des policiers de la BRAV-M.

Une photo montre le jeune homme au sol aux côtés de six autres personnes interpellées, qu'il ne connaît pas. L'un des policiers s'accroupit et le gifle à deux reprises. Ses collègues et lui l'insultent et le menacent sans savoir qu'ils sont enregistrés à leur insu par l'un des interpellés, comme l'a révélé le média Loopsider.

Le lendemain, Souleymane Adoum est relâché sans aucune poursuite judiciaire.

"Je voulais avoir le dernier mot avec lui"

Parmi les dix policiers, deux sont renvoyés devant le tribunal de Bobigny à la suite d'une enquête menée par l'IGPN, et huit autres sont cités directement à comparaître par l'avocat de Souleymane Adoum - une procédure particulière qui permet à un plaignant de saisir directement un tribunal.

En 2018, Souleymane Adoum avait déjà connu une arrestation arbitraire dans son pays d'origine, le Tchad, avec des conséquences dramatiques. Alors qu'il manifestait contre la dictature en place, il avait été arrêté et envoyé six mois en prison.

À sa sortie, il avait immédiatement fui pour la France. Le jeune homme aspire toujours à retourner dans son pays d'origine une fois ses études terminées.

Les 10 policiers jugés aujourd'hui sont toujours en fonction. L'un d'eux, soupçonné de violences, avait été exclu trois jours par sa hiérarchie. "Cela faisait plusieurs jours que l'on travaillait sans prendre de repos. Le maintien de l'ordre était très violent (...). Souleymane était dans la provocation. Je voulais avoir le dernier mot avec lui. Je voulais garder l'ascendant sur lui", a-t-il déclaré, selon les informations de BFMTV, en garde à vue.

Il encourt trois ans de réclusion pour les faits qui lui sont reprochés.

Boris Kharlamoff avec Elisa Fernandez