Des élèves désignés "esclaves du jour" pour masser et servir le café? Les enseignants d'une école suspendus

Une école maternelle dans la Meuse a été évacuée ce mardi. Plusieurs élèves ont été intoxiqués au monoxyde de carbone. (Photo d'illustration) - AFP
Ce mardi 4 mars, le rectorat de l'Académie de Dijon a suspendu provisoirement plusieurs enseignants de l'école François Chapuis à Ciry-le-Noble (Saône-et-Loire), rapporte Ici Bourgogne. La parquet de Mâcon a ouvert une enquête pour faire la lumière sur des actes dénoncés lors d'un signalement le 7 février dernier.
Quatre professeurs ont été suspendus à titre conservatoire car ils sont accusés de forcer des élèves à leur prodiguer des massages. En outre, selon des témoignages, ces enseignants désigneraient quotidiennement deux élèves pour être les "esclaves du jour". À ce titre, ils doivent servir le café et le thé et... masser les adultes.
Des "activités particulières"
"Le 7 février 2025, le parquet de Mâcon a été destinataire d'un signalement relatant l’existence, au sein de l’école élémentaire de Ciry-le-Noble, d'activités particulières, consistant notamment en la pratique, par des élèves tirés au sort, de massages sur certains membres du corps enseignant", relate la procureure de la République de Mâcon dans des propos rapportés par le Journal de Saône-et-Loire.
Selon nos confrères, le signalement a été fait par une professionnelle de santé qui a rencontré une jeune élève lui faisant état des massages forcés. Interloquée, elle cherche à en savoir plus et s'adresse à des parents d'élèves de cette école. Une fois questionnés, d'autres élèves ou anciens élèves auraient également parlé de ces pratiques, notamment aussi le tirage au sort des élèves chaque jour.
"Comme je suis professionnelle de santé et que cela concerne des mineurs, je suis obligée de faire un signalement de ce que ces enfants m’ont dit", explique cette professionnelle de santé au Journal de Saône-et-Loire.
Suspendus à titre conservatoire
Plusieurs parents d'élèves ou anciens élèves de l'établissement ont témoigné auprès de médias locaux. À Ici Bourgogne, certains parlent donc de tirages au sort et de "massages" aux pieds et aux jambes aux enseignants. "J'ai des nièces et neveux qui étaient scolarisés ici et qui ont eu à réaliser ces massages, sur les épaules, contre des images qu'on peut donner comme un bon point", décrit une mère de famille.
"C'étaient principalement des filles et cela se passait dans la cour, pendant la récréation. C'étaient souvent les mêmes élèves", confie un ancien élève de l'école.
Dans son communiqué ce mardi, le rectorat rappelle que les enseignants "sont présumés innocents" et sont suspendus à titre conservatoire pour permettre à l'enquête de se dérouler sereinement".
De son côté, l'établissement scolaire nie les faits. Contacté par France 3 Bourgogne, le directeur de l'école a dénoncé une "cabale" contre les enseignants et assuré que rien n'est demandé aux élèves, "encore moins en échange d'images, de bonnes notes ou de choses comme ça".
On n'a jamais, jamais, jamais rien demandé
Il a notamment accusé un groupe de parents d'élèves "extrêmement virulent" envers l'école. "Ils ont essayé de faire toutes les rumeurs possibles et imaginables sur nous ces dernières années. Sur n'importe quel thème de l'école ou même de notre vie privée, tout y est passé. On nous a accusés de tromper nos conjoints et conjointes, de mal élever nos enfants, de conduire sans permis. On se sent souillé et sali", a-t-il raconté auprès de France 3.
"Il est déjà arrivé que les gamins posent les mains sur nos épaules sur le temps de récréation. Ils font 'pouët-pouët' sur les épaules, mais ce ne sont pas des massages. Et encore moins à la demande des enseignants. On n'a jamais, jamais, jamais rien demandé et au contraire, on les a repoussés en leur disant qu'on en avait marre qu'ils soient tout le temps collés à nous", s'est-il également justifié dans des propos rapportés par Ici Bourgogne. L'équipe enseignante songe à "riposter" par voie juridique contre ces accusations.
Des auditions en cours
Pour l'heure, à partir du 10 mars, quatre enseignants remplaçants viendront dispenser les cours. Le rectorat assure "que tout sera mis en œuvre pour que les élèves soient en sécurité et que la rentrée se passe dans les meilleures conditions", rapporte France 3, qui indique également qu'une cellule d'écoute sera également mise en place à destination des élèves.
Alors qu'une enquête a été ouverte par le parquet de Mâcon, des dizaines d'élèves ont déjà été entendus depuis quelques jours, selon le Journal de Saône-et-Loire, et des auditions vont se poursuivre.
La procureure de la République de Mâcon a notamment précisé qu'"aucun fait d'agression sexuelle ou corruption de mineur n'a été recensé" à ce stade.
En outre, selon le Journal de Saône-et-Loire, le parquet rapporte qu'aucune audition réalisée à ce jour "ne laisse apparaître un comportement susceptible de recevoir une qualification pénale".