Des Corses perplexes face à l'appel de Valls

Corse d'Ajaccio - -
Manuel Valls veut briser l’omerta en Corse. "On connaît les commanditaires, on sait, mais on ne parle pas", a-t-il déploré lors de la conférence de presse qu'il a tenu avec la ministre de la Justice, Christiane Taubira, jeudi matin.
En ciblant les notaires, les professionnels de l’immobilier, les responsables des cercles de jeux, le ministre de l’Intérieur pointe les acteurs qui "dissimulent directement ou indirectement, de manière consciente ou non, des pratiques à caractère mafieux". Pour combattre ce système, Manuel Valls en appelle à tous en encourageant les témoignages. Mais dans les rues d’Ajaccio, cet appel passe mal.
Un homme d’une quarantaine d’année s’insurge, "c’est de la délation. Dégueulasse de dire ça. Ils ont une police, une justice, ils n’ont qu’à faire leur boulot. C’est pas à moi de faire le boulot. Ils en savent plus que moi, moi je ne sais rien."
"On voit, on entend tout, mais on ne sait rien"
L’omerta, la fameuse loi du silence, est décrite et revendiquée par une femme d’une quarantaine d’année qui faisait son marché à Ajaccio, "il peut dire ce qu’il veut chez nous personne ne parlera. Même s’il nous donnait des millions. Pourquoi. Ce sont des choses qui nous regardent pas. On n’a pas à parler, on n’est pas des dénonciateurs, on se donne pas chez nous".
L’omerta, une culture bien ancrée dans ce territoire qui n’a rejoint la France qu’en 1769. Le principe est simple : chacun se mêle de ses affaires, "on a toujours été élevés comme ça. "On voit, on entend tout, mais on ne sait rien", précise une autre dame qui préfère cacher son nom.