BFMTV
Police-Justice

Des armes destinées au cinéma se sont retrouvées au coeur de trafics

-

- - Capture d'écran site AFG Security - montage BFMTV.com

Des armes vendues sur Internet par une société slovaque spécialisée dans l'armement neutralisé, destiné avant tout au cinéma, se sont retrouvées au coeur de trafics en Europe, et notamment en France. L'une d'elle se serait ainsi retrouvée dans les mains d'Amedy Coulibaly.

A l'origine ces armes étaient destinées à être utilisées en toute sécurité sur des tournages de films. Le Parisien raconte, ce lundi, comment de vrais pistolets, kalachnikovs et autres fusils d'assaut neutralisés en vue de servir sur des plateaux de cinéma, et vendus sur un site slovaque spécialisé, ont été achetés et remis en service pour alimenter des trafics d'armes.

Une véritable boutique d'armement 

Ce site, AFG Security, disponible en version anglaise, est en fait une véritable boutique en ligne consacrée à l'armement, qui propose toutes sortes de modèles, des armes à feu les plus vintage aux plus modernes, à des prix très accessibles. On y trouve, entre autres, des pistolets Walther (de 15 à 69 euros), Beretta (entre 189 et 287 euros), Flobert Alfa (autour de 200 euros), des fusils Norinco (environ 250 euros), mais aussi de vrais AK-47, la fameuse kalachnikov, une arme de guerre, pour moins de 450 euros.

Comme l'explique le Parisien, les armes, toutes authentiques, sont passées entre les mains de spécialistes, qui les ont rendues non létales mais capables de reproduire le bruit d'un tir réel. Ces armes à feu devenues factices peuvent ainsi être utilisées dans le cinéma en toute sécurité. "A l'origine, cette société vend des armes dites de panoplie ou de cinéma, très proches, en termes acoustiques, du bruit produit par une vraie", explique ainsi un policier spécialiste de la lutte contre le trafic d'armes, cité par le journal.

Des armes remises en circulation

Mais une vaste opération de police a été déclenchée au printemps, sous l'égide d'Europol, l'agence des polices européennes, notamment chargée de la lutte contre la criminalité internationale, après que des clients du site ont acheté des armes pour les remettre en service et les revendre à prix fort, alimentant ainsi un trafic juteux. Résultat: des centaines de ces armes, redevenues létales, circulent en Europe, et notamment en France, où AFG Security n'a désormais plus le droit de livrer.

Car une de ces armes s'est en effet retrouvée dans les mains d'Amedy Coulibaly, l'auteur de la prise d'otages de l'Hyper Cacher, porte de Vincennes, le 9 janvier dernier. "Une arme était passée entre les mains de deux ou trois intermédiaires avant de tomber entre celles d'Amedy Coulibaly. Il fallait mettre un terme à cette filière", explique le policier.

Une soixantaine de clients français

Soixante clients français du site ont ainsi été interpellés par l'Office central de lutte contre le crime organisé au cours de l'opération de police menée au printemps. Selon le Parisien, plus d'une centaine d'armes et des centaines de munitions ont été saisies.

Toutefois, la majorité des interpellés ont davantage un profil de collectionneurs passionnés que de trafiquants, selon une source proche du dossier. Mais compte tenu de la quantité d'armes vendues à des clients français, les enquêteurs n'ont pas encore pu toutes les récupérer et sont pour l'heure incapables de déterminer combien ont été revendues illégalement.

Adrienne Sigel