"Depuis le début, ça a été toxique": l'ex-compagne du "forcené de Dordogne" raconte sa relation violente

Huit années de vie commune, trois enfants, et une dizaine de plaintes pour violences conjugales. Anaïs* a témoigné au micro de BFMTV le jour de l'ouverture du procès de Terry Dupin, le "forcené de Dordogne", qui avait été arrêté en mai 2021 après une longue traque des forces de l'ordre.
La mère de famille explique n'avoir "aucun sentiment" devant la comparution de son ancien compagnon et confie même n'avoir pas eu "envie de venir" au départ, préférant alors "se terrer".
"Depuis le début, ça a été toxique. Je ne voulais plus être avec lui, il le savait très bien. Sauf qu'en fin de compte, il se voilait la face, il essayait de recoller les morceaux. À chaque fois, il me quittait pour ensuite aller ailleurs et ensuite pour revenir de plus belle sauf qu'en fait moi je ne le supportais pas, je ne pouvais plus", a témoigné Anaïs à BFMTV.
Elle explique avoir vécu, pendant ces huit ans de relation, le même schéma: "Il me quittait, il revenait, il me quittait, il revenait en fait... Cela a toujours été ça".
Anaïs, qui n'a que "trop de fois" porté plainte pour violences conjugales, confie même "comprendre toutes ces femmes qui vrillent et finissent pas tuer leur mari"
"On peut envisager, on peut comprendre certaines violences. Mais on n'en prend pas l'ampleur", poursuit-elle auprès de BFMTV.
Son ancien compagnon "déterminé" à la tuer
Le soir des faits, en mai 2021, Terry Dupin arrive en pleine nuit, fou de jalousie à son domicile, où elle se trouve avec son nouveau compagnon. Il l’agresse elle d’abord puis tire sur le nouveau compagnon avant de prendre la fuite. Pour Anaïs, l'intention de Terry Dupin était "clairement" de la tuer elle et son compagnon: "il était déterminé"
"Moi, c'était habituel, mais le fait qu'il s'en prenne à quelqu'un d'autre, qui n'a absolument rien demandé et en plus a des enfants, c'est encore pire", a-t-elle poursuivi.
Anaïs rejette également toute logique suicidaire avancée par son ancien compagnon et lui reproche de réécrire les faits "pour se faire déculpabiliser". "Quelqu'un qui est vraiment déterminé à mettre fin à ses jours ne s'expose pas comme ça, il le fait", a-t-elle estimé.
Après s'en être pris à la mère de ses enfants et à son nouveau compagnon, Terry Dupin prend la fuite. Une chasse à l'homme s'enclenche alors. Elle durera près de 36 heures et prendra fin avec des échanges de tirs. Grièvement blessé au cou, l'ancien militaire s'en sort. Anaïs s'est alors réfugiée chez ses parents qui l'ont alors "coupé de la télévision", avec ses enfants.
"Quand il a été neutralisé je l'ai appris bien après tout le monde", a-t-elle raconté, ajoutant s'être "effondrée" lorsqu'elle a appris le dénouement de la traque:
"J'ai vu tous les scénarios possibles comme devoir annoncer la mort de leur père à mes enfants".
"J'espère que tout le monde sera en sécurité"
Près de deux ans après les faits, Anaïs estime que son ancien compagnon "ne regrette pas" et rejette même la faute sur elle. Aujourd'hui, elle souhaite "vite tourner la page" et pouvoir "essayer d'oublier". "Je n'espère pas de peine lourde, j'espère juste être en sécurité, que tout le monde sera en sécurité et qu'il soit hors d'état de nuire", a-t-elle encore confié à BFMTV. "Je m'inquiète, s'il sort, qu'il me retrouve et s'en prenne à moi".
"Si ce jugement ne fait pas le nécessaire, je sais que ça va recommencer mais sauf que ça va être dramatique", a-t-elle enfin déclaré.
L'avocat d'Anaïs, interrogé plus tôt par BFMTV, a confirmé que sa cliente n'était "pas du tout dans une volonté vengeresse vis à vis de monsieur Dupin [...] Quant à la peine, elle fait confiance à la justice".
"Elle est suivie psychologiquement, elle est accompagnée, elle est aussi très fortement entourée par sa famille", a-t-il également précisé.
Accusé d'avoir commis, avec une arme à feu, des violences aggravées sur son ex-compagne, le nouveau compagnon de celle-ci et les gendarmes qui l'ont pris en chasse, Terry Dupin encourt aujourd'hui jusqu'à quatorze ans de prison.
*Le prénom a été modifié
3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violence
Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).