De plus en plus de Français téléphonent au volant

Selon Auto-Plus, 20% des conducteurs franciliens téléphonent régulièrement en conduisant. - -
Les drogués du portable n'arrivent pas à raccrocher. La pratique est strictement interdite et pourtant de plus en plus d’automobilistes consultent leur téléphone au volant. Que ce soit pour passer un coup de fil, consulter ses mails, SMS ou applications, 20% des automobilistes en région parisienne seraient en délit, selon une enquête du magazine Auto Plus. Des chiffres qui augmentent avec la généralisation des smartphones qui permettent de surfer sur internet et donc, pourquoi pas, de voir en temps réel le trafic routier. Pourtant, le portable a été la cause d’un accident de la route sur dix en 2011, selon le Bilan annuel de la sécurité routière.
« Ne pas avoir d’accident en téléphonant tient vraiment de la chance »
« Le fait de ne pas avoir d'accident en ayant le volant dans une main et le smartphone dans l'autre tient vraiment de la chance, fait remarquer Benjamin Lyonnet, journaliste au magazine Autoplus et auteur de l’enquête. Quand on téléphone, les temps de réaction passent de 0,7 seconde à plus de 3 secondes. Tout va dépendre de si un événement se produit sur la route au moment où l'automobiliste va la quitter des yeux. Parce qu'à 40 km/h on parcourt plus de 11 mètres par seconde. Est-ce que franchement, là, ça vaut le coup de répondre au petit texto qui demande d'aller chercher le pain ? ». A titre de comparaison, quand on met 11 secondes pour écrire « tu peux prendre du pain en rentrant ce soir », le même SMS au volant prend 31 secondes, dont 13 en tout sans regarder la route.
« Dès que j'aurai mes 12 points, je recommencerai à envoyer des texto »
L’interdiction, le danger… les automobilistes sont au courant, et pourtant, ceux qui continuent à téléphoner au volant disent ne pas pouvoir résister. Interrogé par RMC, Stéphane déclare « qu’il faut une bonne maîtrise des nerfs pour dire "je verrais ça plus tard" ». Sa technique : « Sur la route je lis petits bouts par petits bouts. 3 mots, et puis je regarde la route ». Pas question non plus pour Stéphane, 42 ans, de couper son téléphone quand il est dans sa voiture : « Je me suis fait arrêter 2 fois en 3 jours. J'envoyais des SMS pendant des embouteillages, je n'allais pas écraser quelqu'un. Je me suis fait attraper tant pis. Il ne me reste que 4 points, j'ai intérêt à me calmer. Mais dès que j'aurai mes 12 points, je recommencerai à envoyer des textos ». Nawel, 29 ans, a été « calmée » : « Cela m'est arrivé de rentrer dans une voiture à cause du téléphone. Je fixais mon portable pour répondre à un message, la voiture devant moi était arrêtée, et je suis rentré dedans ».
« Il faut avant tout de la pédagogie »
Comment dès lors lutter contre l’usage du téléphone au volant ? « Il faut avant tout de la pédagogie, explique Emmanuel Renard, directeur de l’éducation à l’association Prévention routière. Il n'y a pas vraiment d'autres moyens pour faire comprendre que c'est dangereux. Ce qu'il faut faire, c'est éteindre son portable et s'arrêter quand on doit téléphoner. C'est vrai qu'on peut téléphoner sans avoir d'accidents, mais quand il va y avoir un événement inattendu sur la route, la réaction va être beaucoup plus lente. Ce temps de réaction fait que là où il n'y aurait pas eu d'accident, cela va tout d'un coup devenir très grave ». Au-delà du danger, l'utilisation du téléphone au volant est passible de 135 euros d’amende et 3 points de moins sur le permis.