De collaborateur du chef de l'État à entrepreneur dans le privé: que devient Alexandre Benalla?

Les images d'Alexandre Benalla molestant un couple de manifestants le 1er mai 2018 avaient provoqué une tempête politique. Jugé à partir de ce lundi au tribunal correctionnel de Paris pour "violences volontaires en réunion" et "immixtion sans titre dans l'exercice d'une fonction publique", entre autres, l'ancien chargé de mission de l’Élysée a effectué une reconversion éclair depuis l'éclosion du "Benallagate".
L'homme à tout faire de la campagne de 2017 d'Emmanuel Macron, devenu chargé de mission à la chefferie de cabinet, quitte le public pour enfiler le costume d'entrepreneur dans le secteur privé. En novembre 2018, Alexandre Benalla fonde, au Maroc, une société spécialisée dans les audits de sécurité et de sûreté pour les entreprises privées. Une clientèle internationale pour une affaire, depuis rapatriée dans l'Hexagone, qui emploie aujourd'hui une dizaine de personnes.
Tout juste âgé de 30 ans, Alexandre Benalla consacre également une partie de son temps à ses enfants et aspire, dit-il, à la discrétion. Pourtant, ce lundi après-midi, les caméras seront à nouveau braquées sur lui quand il s'avancera devant le tribunal correctionnel pour répondre de ses agissements dans deux affaires distinctes.
Dans le viseur de la justice
La première concerne les faits du 1er mai 2018, à l'issue d'une journée de manifestation émaillée de violences. Alexandre Benalla avait été identifié par le journal Le Monde dans un article du 18 juillet 2018, sur une vidéo où il apparaissait coiffé d'un casque des forces de l'ordre, brutalisant une femme et un homme. Il a cependant toujours nié tout "tabassage", affirmant avoir agi "par réflexe", avec une "réaction de citoyen" en "interpellant" des personnes "venant de commettre un délit".
L'ancien homme de l'ombre du président devra par ailleurs répondre de l'utilisation de deux passeports diplomatiques après son limogeage de l’Élysée, lors de voyages en Afrique et en Israël. Il est aussi soupçonné d'avoir obtenu un passeport de service en produisant un faux - ce qu'il conteste.
Il comparaîtra en outre pour "port d'arme" non autorisé, sur la base d'une photo de 2017 révélée par Mediapart, où il apparaît dans un restaurant de Poitiers avec ce qui semble être un Glock - alors qu'il ne pouvait à l'époque pas porter une arme en-dehors des locaux d'En Marche. Probablement un "pistolet à eau", selon l'intéressé. Il encourt jusqu'à sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.