Coups de pieds, ongles arrachés et rétroviseur cassé: Kaaris et son ex-compagne devant la justice

En février prochain, il doit normalement fouler la scène de l'Accor Arena, mais ce vendredi 10 novembre, c'est sur les bancs du tribunal correctionnel d'Evry (Essonne) que le rappeur Kaaris est attendu. Okou Gnakouri, de son vrai nom, doit être jugé pour des violences sur son ex-compagne, Linda P., la mère de son enfant, avec qui il est en instance de divorce. Mais cette dernière doit également comparaître, lors de la même audience, pour "violation de domicile" et "dégradations légères".
Le couple a pourtant partagé treize ans de vie commune. De leur union est même née une petite fille en 2016, âgée de sept ans aujourd'hui. Mais à l'été 2020, leur relation bat de l'aile et le rappeur quitte le domicile familial. Un "comportant fuyant soudain" pour lequel Kaaris ne donnera aucune explication à son ex-compagne, et qui provoquera un "profond traumatisme" chez leur enfant, expliquera-t-elle un an plus tard devant les enquêteurs.
"On ne va pas se donner en spectacle"
Six mois après cette séparation, Linda P. tente "de reprendre contact" avec Kaaris. Elle découvre alors que le rappeur avait acquis "une nouvelle résidence" à Linas (Essonne). Le 19 janvier 2021, elle décide de s'y rendre pour lui demander des explications, mais aussi lui rappeler ses obligations à l'égard de leur enfant. À son arrivée sur place, Linda P. escalade le portail et aperçoit Kaaris en compagnie d'une autre femme.
"Je frappe au carreau, je m'attends à ce qu'il sorte mais non, il ferme les volets sur moi", avait-elle raconté à BFM Paris-Île-de-France en juillet 2022.
Un geste qui met son ex-compagne en colère. Elle décide de s'en prendre au véhicule garé dans l'enceinte de la propriété et casse le rétroviseur. Il s'agit en fait de la voiture de Marion, la nouvelle petite amie du rappeur, qui déposera plainte plus tard pour harcèlement et dégradation de biens. C'est à ce moment-là, selon les dires de Linda P., que Kaaris sort de la maison.
"Il y a eu une première forme de violence, il s'est interrompu, il m'a regardé et il m'a dit, il faut qu'on descende dans le garage, on ne va pas se donner en spectacle", avait-elle expliqué à l'époque.
Dans le garage, la jeune femme décide d'enregistrer leur conversation discrètement, mais Kaaris le remarque. "Il est entré dans une colère noire, c'est à ce moment-là que ça a basculé en fait", avait raconté Linda. Le rappeur lui attrape le téléphone portable des mains et la roue de coups de pied et de coups de poing, lui arrachant les ongles au passage, selon la version de la jeune femme. De coups qui entraîneront l'utilisation de "béquilles et d'une botte de maintien pendant deux semaines", affirmera-t-elle lors de son dépôt de plainte.
"Est-ce qu'il va y avoir des représailles ?"
Elle se rend alors à l'hôpital, pour faire constater ses blessures, et dépose une main courante auprès des forces de l'ordre, le 17 février 2021. Mais elle ne porte pas plainte par "peur" de son ancien compagnon:
"Je me dis, qu'est-ce qu'il va m'arriver? Est-ce qu'il va y avoir des représailles?", avait-elle justifié.
Ce n'est que le 7 juillet 2022, un an et demi plus tard, que Linda P., conseillée par ses proches, décide de déposer plainte contre le rappeur pour "violences volontaires" et contre sa nouvelle compagne, présente lors des faits, pour "non-assistance à personne en danger", estimant qu'elle n'a, à aucun moment, tenté de mettre fin à l'agression.
"Elle avait besoin elle aussi, pour se reconstruire, d'analyser tout ce qu'elle avait pu vivre, et je crois qu'il fallait ouvrir la boîte à secret", avait déclaré son avocate, Me Sema Akman auprès de BFM Paris-lle-de-France.
Le 15 juillet, seulement quelques jours après le dépôt de la plainte de Linda P., le parquet d'Evry-Courcouronnes ouvre une enquête préliminaire pour violence volontaire et non-assistance à personne en danger à l’encontre de Kaaris, et de Marion P., la compagne actuelle du rappeur.
"On cherche à lui nuire"
Quelques jours plus tard, dénonçant des "faits mensongers", le rappeur porte plainte à son tour contre son ancienne compagne pour dénonciation calomnieuse. Car la version de Kaaris n'est pas tout à fait la même. Ce jour-là, selon lui, son ex-compagne s'introduit, capuchée, à son nouveau domicile -dont elle n'est pas censée avoir l'adresse- en escaladant un mur à l'aide de cartons empilés. Elle chute de l'autre côté du mur. C'est d'ailleurs à l'occasion de cette chute qu'elle s'arrachera des ongles et se blessera à la lèvre, affirme la défense du rappeur, contactée par BFMTV.com.
Une fois à l'intérieur, Linda P. aperçoit le couple et insulte son ex-compagnon, qui décide alors de fermer les volets, craignant pour la sécurité de sa nouvelle compagne, Marion, enceinte de trois mois à l'époque. Linda P. dégrade alors le véhicule de cette dernière. Au moment où Kaaris sort du domicile pour intervenir, son ancienne compagne se "jette sur lui", enchaîne les coups de poings et les gifles et lui crache dessus, affirment ses avocats. Le rappeur se rend alors compte que Linda P. enregistre et lui demande de supprimer.
Selon les enquêteurs, l'exploitation de l'enregistrement n'a pas permis d'établir des violences physiques de la part de Kaaris, précisant également que le rappeur reste "calme" tout au long de l'enregistrement, tandis que son ex-compagne "semble très énervée et crie".
Selon Kaaris, son ancienne compagne "a orchestré de toute pièce les faits de violence qu'elle a par la suite dénoncés à l'autorité judiciaire" pour "exercer une forme de pression médiatique, juridique et financière". Ses avocats affirment que Linda P. réclame une pension alimentaire de 8.000 euros par mois.
"C'est une plainte qui dans la chronologie s'inscrit à l'issue des négociations sur la pension alimentaire, et ce n'est pas anodin, parce que d'une certaine manière, on cherche à lui nuire, on cherche certainement à tirer un bénéfice financier", avait estimé l'avocate du rappeur, Me Margaux Van der Have, auprès de BFM Paris-Île-de-France.
D'autant que, selon les avocats du rappeur, Linda P. a publié des photos, qu'ils présentent comme étant prises en Guadeloupe quelques jours après les faits dénoncés. Elle semble "heureuse et épanouie; ce qui paraît quelque peu surprenant au regard des faits qu'elle venait de dénoncer", expliquent-ils. Selon ses avocats, son ancienne compagne "essaie de détruire l'image de Kaaris en public et, dans l'ombre, elle œuvre, avec d'autres, pour tenter de l'extorquer".
Une nouvelle plainte pour "abandon de famille"
Le 28 septembre, après plusieurs semaines d'enquête, Kaaris est placé en garde à vue au commissariat de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Mais après quinze heures d'audition, dont huit heures de confrontation avec son ancienne compagne, le rappeur ressort libre, sans poursuite. Un mois et demi plus tard, le 9 novembre 2022, le rappeur et son ex-compagne sont entendus une seconde fois par les policiers. Ils ressortent libres, mais ils reçoivent tous les deux une convocation devant le tribunal correctionnel d’Evry-Courcouronnes, prévu un an plus tard, ce 10 novembre 2023.
L'artiste de 42 ans a déjà été condamné en octobre 2018 à 18 mois de prison avec sursis pour une bagarre avec le rappeur Booba, son ancien mentor, à l'aéroport d'Orly en août 2018.
Et la justice n'en a probablement pas fini avec le couple. Dernier rebondissement en date, une plainte déposée en juillet 2023 par Linda P. contre Kaaris pour "abandon de famille", avait appris BFMTV.com à l'époque, confirmant une information du Parisien.