Contrôles au faciès: «Ça nous pourrit la vie !»

- - -
Une quinzaine de personnes se disant victimes de contrôles d'identité "au faciès" ont assigné mercredi l'Etat en justice pour une action au civil visant à engager sa responsabilité dans cette pratique discriminatoire. Ces personnes disent avoir subi des contrôles de police abusifs, fondés uniquement sur des critères racistes. Ils sont noirs ou arabes, et pensent tous avoir été contrôlés pour la couleur de leur peau.
Huit fois plus de risques d’être contrôlés qu’un blanc
S’agit-il d’un ressenti ou d’une réalité ? Soutenus par le Syndicat des avocats de France, les plaignants s'appuient notamment sur une étude réalisée par le CNRS entre octobre 2007 et mai 2008 pour appuyer leur plainte. Cette étude a établi que les noirs avaient six fois plus de risque d'être contrôlés que les Blancs. Pour les arabes, c’est huit fois plus. Fabien Jobard, chercheur au CNRS qui a mené cette étude assure que « les policiers concentrent les contrôles d'identité sur une population bien particulière, à savoir les jeunes hommes habillés de manière "typiquement jeunes" et le plus souvent appartenant à des minorités visibles. C'est à dire des arabes ou des noirs ».
« Ils ont vu ma gueule de métis, c’est tout »
RMC s’est rendu dans le quartier des Halles dans le centre de Paris, un lieu particulièrement fréquenté par des jeunes noirs ou arabes et où la présence policière est importante. Tous l’affirment en cœur, « les contrôles d’identité, ça arrive tous les jours ». Comme Dario : « Je me suis fait contrôler il y a cinq minutes par les policiers. Pourquoi ? Parce qu’ils ont vu ma gueule de métis, c’est tout. De toute façon il suffit que je me balade dans la rue pour être contrôlé ». Franck aussi vient de se faire arrêter sous les yeux du reporter d’RMC. Il raconte : « on marchait tranquillement, on rigolait. Les policiers ont pris ça pour eux et ils nous ont contrôlés. Ils fouillent, ils regardent les papiers, ils prennent leur temps. Mais ça ne mène jamais à rien ces contrôles de toute façon ». Icham, lui, avoue ne plus en pouvoir : « Tu rentres dans le quartier, t'es contrôlé. Tu sors du quartier, t'es contrôlé. Tu vas en centre-ville, t'es contrôlé… On est contrôlés tout le temps, ça nous pourrit la vie ! ».
« Plus de chances de trouver des gens de couleur Gare du Nord qu'à Neuilly »
Sur RMC, Jean-Claude Delage, secrétaire national du syndicat de police Alliance, rappelle que « le contrôle d'identité est réglementé, dans le cadre de la loi. Vous croyez que le policier il se lève le matin en se disant "aujourd'hui je vais contrôler les blancs, les noirs, les jaunes, les verts"... Après évidemment si vous on vous dit de contrôler les gens à la Gare du Nord (NDLR: qui dessert la banlieue parisienne) vous avez plus de chances de trouver des gens de couleur que si vous on vous dit d’aller faire des contrôles à 17 heures devant la mairie de Neuilly. Adopter comme une vérité révélée que la police fait des contrôles au faciès c'est scandaleux ! »