BFMTV
Police-Justice

Condamnation, grâce partielle, requête en révision: les rebondissements de l'affaire Omar Raddad

placeholder video
La riche veuve d'un équipementier automobile avait été retrouvée baignant dans son sang dans la cave de sa propriété de Mougins, le 23 juin 1991. Condamné en 1994, Omar Raddad va demander une révision de son procès sur la base de nouvelles analyses ADN.

Près de 30 ans après le meurtre de Ghislaine Marchal, le coupable désigné par la justice est-il en passe d’obtenir la révision de son procès? La défense d'Omar Raddad s’apprête à déposer ce jeudi une requête sur la base de nouvelles analyses des traces génétiques découvertes en 2015.

En 2019, un expert a en effet conclu à la présence d'une trentaine de traces d'un ADN complet masculin trouvées dans l'une des inscriptions "Omar m'a tuer" faites avec le sang de la victime. Or, cette information génétique n'appartient pas au jardinier marocain condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, selon le rapport dévoilé lundi par Le Monde. Un nouveau rebondissement dans cette affaire criminelle rendue célèbre par ces quelques lettres de sang et qui divise depuis trois décennies.

· Condamné en 1994, partiellement grâcié en 1996

Depuis sa mise en accusation, Omar Raddad clame son innocence mais, après le rejet de son pourvoi en cassation en 1995, sa condamnation est devenue définitive. Rien ne semble pouvoir remettre en question ce verdict mal compris par l’opinion française comme marocaine, jusqu’en 1996.

Cette année-là, le jardinier bénéficie d'une grâce partielle de la part du président Jacques Chirac - à la demande du roi du Maroc Hassan II - et, après sept années passées derrière les barreaux, d'une libération conditionnelle en 1998.

Omar Raddad lors de sa libération conditionnelle en 1998.
Omar Raddad lors de sa libération conditionnelle en 1998. © JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Toutefois, cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l'innocente pas.

"Pour nous, l’affaire ne sera classée que lorsque l’innocence d’Omar Raddad aura été reconnue", avait prévenu en 1996 son avocat de l’époque, Me Gérard Baudoux.

· 2002, premier rejet d'une requête en révision du procès

Poursuivant leur combat, les avocats du jardinier marocain déposent en 1999 une requête en révision du procès, rejetée en 2002. La Cour estime qu'aucun des arguments avancés par la défense ne constitue un fait nouveau de nature "à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné", rapporte alors Le Monde.

À cette époque, la découverte de premières traces ADN masculin différent de celui d'Omar Raddad est déjà invoquée par ses avocats mais la cour considère qu’il est "impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitant ou postérieur au meurtre ces traces ont été laissées".

"Je vais combattre jusqu'à la fin de ma vie", commentait alors Omar Raddad à l’AFP, considérant que "la justice française a craché sur la vérité".

· Dans les années 2010, de nouvelles expertises ADN réclamées

Neuf ans plus tard, en 2011, la nouvelle avocate du condamné, Me Sylvie Noachovitch, réclame un profil génétique à partir d’autres traces ADN. Puis, en 2014, elle sollicite une nouvelle expertise génétique sur deux portes et un chevron de la scène du crime.

C'est finalement grâce à la loi du 20 juin 2014, qui a assoupli les conditions de révision d'un procès criminel, que de nouvelles investigations sont engagées.

· De nouvelles investigations en 2015

Dans le cadres de ces actes d'enquête engagés en 2015 par le parquet de Nice, ces traces ADN sont comparées avec une liste de proches de la victime, Ghislaine Marchal, mais celles-ci s'avèrent négatives. A ce jour, les recherches n'ont toujours pas abouti.

Mais, selon Me Sylvie Noachovitch, "grâce aux éléments nouveaux découverts [...] la vérité sur l’innocence d’Omar Raddad sera reconnue, c'est notre intime conviction". Reste que, les procès en révision d'une condamnation criminelle, comme celui demandé par la défense d'Omar Raddad, sont rares en France. Depuis le milieu du XXe siècle, seule une dizaine de ces procédures ont abouti à l'acquittement.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV