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Police-Justice

Coma éthylique mortel: l'association étudiante condamnée

La victime avait absorbé une quinzaine de "shots" en une demi-heure (photo d'illustration).

La victime avait absorbé une quinzaine de "shots" en une demi-heure (photo d'illustration). - -

L'Association des résidents (AdR) de Centrale a été reconnue mardi coupable d'"homicide involontaire" après la mort en 2005 d'un étudiant, victime d'un coma éthylique lors d'une soirée très arrosée organisée sur le campus.

Enjeu de santé publique, la question de l'alcool dans les soirées étudiantes s'est invitée dans le prétoire, mardi. Pour la première fois, le responsable d'une association étudiante était mis en cause après la mort d'un étudiant par coma éthylique en 2005. Le tribunal correctionnel de Nanterre, qui l'a jugé le 1er octobre, a finalement condamné l'association.

Le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) a en revanche relaxé l'autre prévenu, président de l'AdR à l'époque des faits. L'association a été condamnée à la peine symbolique de 7.500 euros d'amende avec sursis ainsi qu'au versement d'intérêts civils.

Les faits remontent à huit ans, dans la soirée du 22 au 23 septembre 2005. La banale histoire d'une fête étudiante sur le campus de la prestigieuse école Centrale, à Châtenay-Malabry au sud de Paris, dans le cadre de la semaine d'intégration des nouveaux élèves. Et le drame d'Alexander, 19 ans, qui a absorbé une quinzaine de "shots" en moins d'une demi-heure.

Coma éthylique

Dans ces "cocktails manouches" (censés s'accorder avec le thème de la "soirée Tsigane") se côtoyaient vodka, Cointreau et jus de citron. Des verres miniatures à boire cul-sec. Assommé par ce breuvage, l'élève-ingénieur a été raccompagné à sa chambre, située sur le campus, par quelques camarades. Ils l'ont laissé endormi. Il sera retrouvé à 14 heures le lendemain, avec une alcoolémie supérieure à 4 grammes.

Si le responsable de l'association étudiante qui organisait la soirée a été renvoyé devant la barre, c'est pour avoir laissé vendre ce type d'alcool fort. L'association ne dispose en effet que d'une licence II, qui ne permet de vendre que vin, cidre et bière. Lors de l'audience, début octobre, il a souligné que "l'alcool fort était interdit au bar depuis un an", mais qu'il s'agissait d'un "usage toléré lors des soirées exceptionnelles".

Soirées open bar

Et de poser un problème plus global, celui de l'alcoolisation excessive lors des soirées organisées dans les grandes écoles. A Centrale, "les soirées avec open bar n'étaient organisées qu'une fois par trimestre. A HEC, c'est tous les 15 jours", a-t-il argué.

"Il y a un problème d'alcool dans le milieu étudiant (...)", a-t-il admis avec tristesse à la barre, "et en face le personnel associatif n'est pas formé". Pour lui, ne pas servir d'alcool fort lors d'un événement de cet ordre aurait entraîné "une incompréhension" de la part des étudiants.

Le parquet a néanmoins requis 6 mois de prison avec sursis à l'encontre du jeune homme, aujourd'hui chercheur en neurosciences aux Etats-Unis.

M. T.