Cigarettes : la Cour des comptes prône un contrôle accru sur la vente aux mineurs

A la suite du rapport sur les ratés de la lutte anti-tabac en France, les Sages mettent l’accent sur la prévention chez les jeunes. Si le président du Comité National contre le Tabagisme applaudit la suggestion, celui de la Confédération des débitants de tabac dénonce un « marché parallèle » plus dangereux.

La France ne met pas le paquet en matière de lutte anti-tabac. C’est la conclusion du rapport présenté jeudi par la Cour des comptes et qui pointe les échecs de la politique française en matière de lutte contre le tabagisme. Parmi les solutions préconisées, de fortes hausses des prix du tabac, l'adoption des paquets neutres et l'interdiction de les exposer sur les lieux de vente. Mais c’est à la prévention et aux mineurs que les Sages donnent la priorité. Depuis 2011, le tabagisme progresse en particulier chez les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité.

« Il n’y a pas vraiment de loi »

Alors que la vente aux moins de 18 ans est interdite, rien de plus facile pour ces derniers que de se fournir en tabac, comme l’affirme un groupe de jeunes d'une quinzaine d'années rencontré par RMC. Si la carte d’identité de Léa, 16 ans, a bien été demandée, l’adolescente n’a finalement pas eu à la présenter. « Il m’a dit "laissez tomber, vous n’avez pas l’air d’avoir 18 ans, mais vous avez été franche" ». Nathan met en avant l’intérêt financier des buralistes, et le fait qu’il n’y a « pas vraiment de loi ». Selon les lycéens, tout est fait pour les encourager, ils notent d’ailleurs la présence de nombreux tabacs près des établissements scolaires.

« Les buralistes n’ont pas peur »

La Cour des comptes recommande donc un contrôle accru des buralistes qui vendent du tabac aux mineurs. Une préconisation défendue par Yves Martinet, président du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) : « C’est dégueulasse de vendre du tabac à des mineurs. C’est quelque chose qui doit être fermement réprimé comme dans tous les pays du monde. Les buralistes n’ont pas peur, parce qu’il n’y a aucun contrôle. En un siècle, ils n’ont qu’une chance d’être contrôlés. Ils font absolument ce qu’ils veulent, c’est scandaleux » s’indigne-t-il.

« Arrêter de taper sur le réseau officiel »

Un avis loin d’être partagé par Pascal Montredon, président de la Confédération des débitants de tabac : « Il faut arrêter de toujours vouloir taper sur le réseau officiel. C’est la seule solution que l’on trouve pour lutter contre le tabagisme chez les jeunes. Personne n’a engagé un véritable combat contre le marché parallèle, qui représente 21% du marché et qui propose des cigarettes aux mineurs devant les collèges et les lycées. Je trouve ça grotesque et malheureux pour notre pays ».

Claire Béziau, avec Céline Martelet