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Police-Justice

Chloé : des ratés dans le suivi judiciaire du suspect

Chloé Rodriguez

Chloé Rodriguez - -

Comment le kidnappeur présumé de Chloé, déjà condamné pour agressions sexuelles à répétition en 2007, a-t-il pu échapper à la surveillance de la justice ? Problèmes de coordinations entre les services, oublis... C'est un ensemble de dysfonctionnements qui sont aujourd'hui pointés du doigt.

Fax pas reçu, dossier non transmis, adresse pas vérifiée: le suivi du ravisseur présumé de Chloé, détenu en Allemagne où l'adolescente a été retrouvée après sa disparition dans le Gard, a connu des ratés auxquels le gouvernement veut remédier en faisant la « clarté totale » sur l'affaire.
Le suspect avait écopé en mai 2009 à Nîmes de cinq ans de prison, dont deux avec sursis et mise à l'épreuve, pour des agressions sexuelles à répétition en 2007. Il est alors inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles.
Mais quand les gendarmes qui enquêtent sur la disparition de Chloé, le 9 novembre à Barjac, consultent ce fichier, il y figure comme détenu alors qu'il est sorti de la prison de Béziers (Hérault) le 14 septembre, a indiqué mardi une source proche du dossier, confirmant une information de M6. Premier dysfonctionnement sur lequel la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a indiqué que des vérifications étaient en cours, mardi en marge d'un déplacement à Roubaix (Nord), au lendemain d'une réunion à la Chancellerie à laquelle ont participé des magistrats du Sud-Est.

Pas de suivi judiciaire à sa sortie de prison

Quand le suspect recouvre la liberté, une convocation devant le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) d'Avignon lui est remise, conformément à la législation en vigueur depuis l'affaire de la disparue de Nantes en 2011. Mais le 24 septembre, le suspect ne se rend pas à Avignon, où « il n'a peut-être jamais mis les pieds, car personne n'a vérifié son adresse, faute de l'avoir », a ajouté cette source, soulignant que tout probationnaire doit pourtant en fournir une. Selon la secrétaire nationale du syndicat SNEPAP-FSU, Charlotte Cloarec, le conseiller d'insertion d'Avignon signale alors ce défaut de présentation au juge d'application des peines (JAP) de la ville.
Par fax, le lendemain, précise la source proche du dossier. Ajoutant que le JAP, lui, dit ne pas retrouver ce fax et ne pas avoir reçu, non plus, le dossier judiciaire du suspect, ce qu'a confirmé la Chancellerie mardi en annonçant qu'un dispositif destiné à éviter ces problèmes de communication et de coordination était à l'étude.

Des failles « maintes fois dénoncées »

La garde des Sceaux a assuré vouloir faire la « clarté totale » sur les circonstances de l'enlèvement de Chloé et le suivi de son ravisseur présumé. « Nous allons voir clair très vite et nous verrons, là où il y a eu des défaillances, quelles mesures appellent ces éventuelles défaillances », a déclaré Mme Taubira.
« On a là un détenu déjà condamné à 13 reprises, la dernière fois pour agression sexuelle, qui dit qu'il va à Avignon et on le prend pour argent comptant. Alors que s'il donne une adresse bidon, la probation part mal. Sans compter qu'il peut très bien passer à l'acte dans le délai légal dont il dispose pour se présenter au SPIP », a poursuivi cette source.
Le syndicat Magistrats pour la Justice, pour qui l'affaire rappelle des failles « maintes fois dénoncées », a estimé, dans un communiqué, que la justice n'a pas les moyens d'assurer « une évaluation sérieuse de la dangerosité des personnes » et de prendre « toutes les mesures destinées à réduire au maximum les risques de réitération après la libération du condamné ».
Le suspect, incarcéré depuis samedi en Allemagne, doit être transféré en France, qui a émis un mandat d'arrêt européen, d'ici une à deux semaines, sauf accélération -probable- de la procédure.

La Rédaction avec AFP