"Cela peut être jugé en homicide involontaire": Après l'autopsie, les deux costreameurs de Jean Pormanove peuvent-ils encore être poursuivis?

Les streameurs Jean Pormanove, Naruto et Safine - Instagram/JPormanove
Le streameur Raphaël Graven, alias Jean Pormanove ou JP, est mort ce lundi 18 août en plein live sur la plateforme Kick durant un marathon de 298 heures de live durant lequel il était constamment filmé.
Au moment de sa mort, le vidéaste semble endormi sur un matelas posé sur le sol, avec trois autres streameurs, dont Narutovie et Safine, qui se rendront compte qu'il ne respire plus. Une mort qui a suscité l'indignation et qui a provoqué l'ouverture d'une enquête par le parquet de Nice pour en déterminer les raisons.
"Les poursuites éventuelles pas exclues"
Dans le cadre de cette investigation, une autopsie a été réalisée sur le corps du défunt. Les résultats de l'expertise, publiés ce jeudi 21 août, annulent déjà plusieurs théories.
"À la lumière de ces éléments, les médecins experts considèrent que le décès n’a pas une origine traumatique et n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers", écrit le parquet dans un communiqué.
Dans une communication, le ministère public explique que l'autopsie a montré "l'absence de lésions traumatiques tant au niveau interne qu'externe, notamment au niveau du visage et du crâne, pouvant expliquer le décès et l'absence de lésions correspondant à des brûlures". "Les causes probables du décès apparaissent donc d’origine médicale et/ou toxicologique.", ajoute-t-il.
Des résultats qui interviennent alors que de nombreux internautes pointent du doigt deux streameurs, Narutovie et Safine, présents lors de la mort de Jean Pornamove et connus pour maltraiter physiquement et psychologiquement la victime.
Tom Michel, avocat du streameur Safine H., plus connu sous le pseudo de Safine, explique sur BFMTV que les résultats de l'autopsie de Jean Pormanove "exonèrent médicalement" la responsabilité de son client. "Mon client n'avait pas connaissance (...) de potentielles problématiques d'ordre cardiaque" concernant la victime, précise-t-il sur notre antenne.
Malgré cette affirmation, les deux streameurs, qui ne sont pour le moment pas incriminés par la justice, ne sont pas pour autant à l'abri pénalement. "Ce simple résultat n'exclut pas les poursuites éventuelles. Le procureur peut très bien se saisir d'autres faits intérieurs comme des violences dans des procédures autonomes ou dans le cadre de cette investigation", indique à BFMTV Maître Irina Kratz, avocate pénaliste au barreau de Paris.
L'état de santé fragile connu par les deux streameurs
Durant le marathon de live, Narutovie évoque à plusieurs reprises l'état de santé fragile de la victime qui avait des problèmes cardiaques. Dans un extrait publié sur les réseaux sociaux, ce mardi, on y voit le streameur s'inquiéter et s'agacer de l'état de santé de Jean Pormanove.
Dans des extraits plus anciens, Narutovie et Safine évoquent la mort possible de Jean Pormanove. "Les gens, ils vont s’en prendre à nous, alors que c’est dû à tes quarante-six ans de vie minable", déclare Owen Cenazandotti avant d'enjoindre Jean Pormanove d'abonder dans son sens. "S’il m’arrive quelque chose en live, c’est mon entière responsabilité", finit par déclarer JP face à la caméra, après avoir d’abord refusé de le faire.
Malgré la connaissance de cet état de santé, les violences n'ont pas cessé. "L'expertise va chercher à établir un lien de causalité. S'il voit des violences physiques et psychologiques objectives sur la victime qui aurait pu aggraver l'état de santé déjà fragile, les deux hommes peuvent être attaqués pour mise en danger ou homicide involontaire", décrypte Maître Kratz.
"S'il y a des choses probantes liées à la toxicologie, ils peuvent aussi être attaqués pour homicide involontaire", ajoute-t-elle.
La défense basée sur le consentement pas crédible
Face aux images des violences physiques commises par Safine et Narutovie sur Jean Pormanove qui ressortent sur les réseaux sociaux ces derniers jours, leurs avocats avancent que la victime était consentante lors des différents sévices.
"Tout ce qu'on a vu était consenti", soulignait auprès de BFMTV Tom Michel, l'avocat de Safine, invoquant "des violences en partie simulées" et en faisant le parallèle avec "le catch ou le cinéma".
Un consentement qui n'a toujours pas été établi et que la justice essaye déjà de déterminer. Avant la mort Jean Pormanove, une enquête avait été ouverte par le parquet de Nice le 16 décembre 2024 après la diffusion d'un article de Mediapart sur de précédentes vidéos dans lesquelles "des personnes susceptibles d'être vulnérables faisaient l'objet de violences et d'humiliations parfois encouragées par des versements d'argent des spectateurs".
Jean Poranove et Coudoux, un autre streameur sous curatelle, avaient été interrogés dans le cadre de ces investigations du parquet azuréen. "L'un et l'autre indiquaient n'avoir jamais été blessés, être totalement libres de leurs mouvements et de leurs décisions et refusaient d'être examinés par un médecin et un psychiatre", avait expliqué le procureur.
"La jurisprudence est très claire, cette version du consentement de la victime ne peut pas marcher dans le cadre d'affaires de violences subies", souligne auprès de BFMTV.com, Maître Kratz. "Le consentement n'annule en aucun cas l'infraction".
Face à l'émotion, le gouvernement a saisi l'Arcom et a demandé "des explications aux responsables" de Kick. Les streameurs Safine et Narutovie avaient été bannis de la plateforme avant que leurs comptes ne soient réactivés afin de permettre aux autorités de découvrir d'éventuels manquements.